L'extrait présenté est un long monologue du personnage de la reine dans "Ruy Blas" de Victor Hugo. La reine est partagée entre plusieurs sentiments l'accablant suite à l'amour que lui déclare un inconnu, qui s'est blessé pour elle, dans une lettre accompagnée d'un bouquet de fleurs.
[...] On constate aussi une métonymie puisque Hugo emploie le mot cœur pour désigner la Reine. On retrouve l'indécision et la contrainte aux vers 33 et 34 Hélas ! Mon destin flotte à deux vents opposés./ Que c'est faible une reine et que c'est peu de chose ! L'utilisation de la métaphore de ces sentiments en vents opposés montre bien qu'elle est sujette à des émotions très fortes qui s'affrontent. C'est finalement l'amour naissant pour l'inconnu et l'envie de relire la lettre qui vont reprendre le dessus Oui, je vais la relire/Une dernière fois! [...]
[...] Cette particularité donne une dimension romantique en plus à la pièce. En effet elle s'exprime en alexandrins avec des rimes suivies en alternance féminines et masculines, mais qui sont entrecoupés par des états de somnolence (S'enfonçant dans sa rêverie) et (Retombant dans sa rêverie) »(v.25). Cela peut surprendre le spectateur si les didascalies sont respectées pas comédienne mais aussi sur le lecteur. De plus ce drame romantique est, comme dans tous les textes ou s'expriment des sentiments, parsemé d'une ponctuation relativement expressive et donc constituée de phrases interrogatives et exclamatives souvent très brèves et parfois nominales. [...]
[...] Ils sont de plus en plus forts au fil du monologue. Cette scène atteint son paroxysme lorsqu'elle se précipite sur la lettre après avoir vainement imploré l'aide de Dieu. Le fait qu'elle rêve en partie au début puisqu'elle demande de l'aide à la Vierge montre son tempérament éminemment romantique. On retrouve d'ailleurs tous les topoï du romantisme; l'amour, le rêve, la solitude, le mal du siècle . Enfin cette scène donne beaucoup d'indications sur la suite de la pièce, l'impression qui ressort de ce monologue étant qu'elle est incapable d'oublier l'amour que lui porte Ruy Blas. [...]
[...] [ ] je ne veux plus la lire ! reine de douceur ! »(v.32,33,40,53) Ces procédés donnent au texte un rythme très rapide et le rendent encore plus vivant et dynamique. Le côté très émotionnel de ce monologue est ce qui lui donne son principal intérêt à être lu ou à être vu joué. Ces sentiments sont multiples comme nous venons de le voir et renforcés par de nombreux procédés d'écriture qui font forte impression sur le lecteur ou spectateur car ils lui permettent d'avoir accès à l'intime, aux secrets du cœur, chose difficile à exprimer au théâtre. [...]
[...] Si Hugo a écrit tant de didascalies surtout à la fin c'est avant tout afin que ses gestes se multiplient pour montrer la frénésie et l'agitation qui s'emparent d'elle. Étant presque rêveuse au début la Reine d'Espagne s'agite ensuite de façon très nerveuse. Son jeu de scène est très important lors car elle doit suivre le mouvement à la parole pour mieux transmettre ses émotions. Les détails ont tous leur importance par exemple le fait qu'elle garde sa lettre dans sa poitrine à côté de son cœur. La lettre représente le mystérieux inconnu et le cœur de la Reine son amour. [...]
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