Le texte Mors, est un poème de Victor Hugo, extrait des Contemplations en vers qui présente le triomphe absolu de la mort par la description d'une atmosphère d'apocalypse.
[...] La mort travaille donc inlassablement, frappant d'égalité l'ensemble de ses victimes. L'alexandrin hugolien se gonfle de la puissance humaine évoquée par la redondance "triomphateurs", "triomphaux", "l'arc" connotant également le triomphe. Toutefois, cette puissance humaine qui contient d'ailleurs en elle-même le bruit de l'arme qui doit l'abattre ("faulx") est balayée par le rejet du verbe "tomber". Par un jeu d'antithèses, le poète insiste sur le travail de la mort, l'opulence de "Babylone" s'oppose à l'austérité du "désert", le lieu des supplices ("échafaud") s'oppose à la noblesse du "trône" (image égalisatrice qui est soutenue par le chiasme). [...]
[...] La mort est toute puissante, c'est elle qui a le dernier mot. II- Qu'est-ce qui fait la puissance de la mort ? Elle agit en tout lieu et concerne tout le monde, toute époque (Babylone, fait référence à d'anciennes civilisations), occupation de l'espace en bas, en haut elle domine, marque le territoire, il y a des antithèses : rosefumier, orcendres. On passe d'un extrême a l'autre, métamorphose brutal des situations, illusion que peut avoir l'homme d'être tout puissant, riche inversement des rôles, pouvoir inexorable. [...]
[...] Enfin, symbole de richesse et de puissance s'oppose à la "cendre" qui connote la poussière et la mort. Cependant, Hugo ne peut pousser jusqu'au bout ce jeu de l'antithèse : au cadavre de "l'enfant", il substitue sous forme d'espoir l'image aérienne et libre de "l'oiseau"; travail qui engendre la souffrance et la révolte, une souffrance qui est symbolisée par l'hyperbolique peine des "mères" ("les yeux en ruisseaux"), révolte qui introduit la sensation auditive dominante dans la seconde partie : "criaient", révolte mise en valeur par l'impératif "rends-nous" où la main semble hésiter à se croiser ou à se lever, poing fermé vers le ciel. [...]
[...] Une mort qui est constamment présente comme le suggère l'imparfait, une mort que nous connaissons de plus comme l'indique le démonstratif "cette"; mais une mort qui surprend toujours, comme elle surprit le poète lui-même par l'utilisation du passé simple : "je vis". Le royaume de la mort nous est précisé à travers la métaphore du "champ" qui, dans ses accents pascaliens, réduit le monde à un espace limité. C'est la même métaphore filée qui vient nous décrire l'activité incessante de la mort : "moissonnant et fauchant". La répétition des participes présents souligne le travail répétitif, alors que le verbe "aller" nous montre qu'aucun obstacle ne peut freiner ce travail. Non content de nous le décrire, Hugo nous le fait entendre. [...]
[...] Toutefois, derrière le pessimisme de ce texte, que la brève conclusion de parvient pas à dissiper, il est important de souligner que Victor Hugo est bien au bout de son long combat personnel de la mort de Léopoldine. Le "moi" s'efface pour laisser place à une préoccupation plus large, et Hugo redevient le mage et le chantre de l'humanité. [...]
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