Figure majeure de la littérature du XIXème siècle, Hugo doit sa célébrité à l'extrême richesse et à la densité de son oeuvre : que ce soit dans le roman, le théâtre ou la poésie il s'illustre. C'est d'ailleurs en 1856 qu'il publie Les Contemplations. Ce recueil fortement autobiographique est divisé en 2 parties (Autrefois et Aujourd'hui) séparées par la date de la mort de Léopoldine, sa fille. Pour ce qui nous concerne, Mors est extrait de la deuxième partie : "Aujourd'hui". Plus précisément Mors se situe dans la partie intitulée "Pauca Mae", titre adopté d'une bucolique de Virgile, c'est le seizième poème. Son titre en latin, comme le titre de sa section souligne qu'il s'agit d'une allégorie qui fait référence à l'apocalypse de Saint-Jean. Apocalypse prend ici son sens étymologique de révélation, de mise à nu. Il représente en effet "les mémoires d'une âme".
[...]
Même si le terme "mort" n'est jamais clairement écrit, le titre du poème Mors, c'est-à-dire "mort" en latin prend ici une connotation symbolique, la mort est intemporelle et frappe sans arrêt.
La mort est présentée comme une faucheuse "faucheuse" dès le vers 1, puis évoquée par la récurrence du pronom personnel "Elle" (v.1-2-7-9) dans la suite de la page, également par un "noir squelette" (v.3) intensifié par l'hypallage "noir", et enfin par "ses pieds" (v.18), métonymie de la mort.
Classiquement, "cette faucheuse" (v.1) agit : "moissonnant et fauchant" (v.2). Elle tient bien une "faulx" (v.5), termes évoquant une mort violente.
Cette mort agit comme l'indique l'accumulation de verbes d'action qui la caractérisent : "Elle allait", "moissonnant et fauchant" (v.2). Enfin, une allitération en "S" souligne parfaitement le sifflement sinistre de la faulx : "cette", "son champ", "moissonnant", "squelette", "laissant", "passer", "crépuscule". (v.1-3) Cette homophonie imitative est associé à un champ lexical de la nuit et de la peur qui nous font entendre effectivement le frisson de la peur : "Noir", "crépuscule" (v.3), "ombre", "tremble", "recule", "dirait" (v.4), par une allitération en "R" (...)
[...] La mort, révoltante pour l'incroyant peut conduire le croyant à une sublimation et un apaisement qui passe par l'écriture. Ainsi, tout l'art de Victor Hugo repose ici sur une antithèse dont la force et la puissance mettent le lecteur face à face avec ses propres angoisses ; le poète visionnaire combat par l'écriture la mort même et le lecteur ne peut qu'aspirer à cette lumière promise dans les deux derniers vers. Enfin, l'unité strophique du poème montre combien cet apaisement passe par un long cheminement dont la création poétique se fait l'expression. [...]
[...] En effet, les lueurs éclairants les détails macabres n'ont aucune chaleur. De même, des antithèses mettent en relief l'anéantissement de la vie : lueurs de la faulx/ la faulx sombre (v.16), l'or en cendre (v.10) après la vue, ce sont les odeurs et les parfums qui se transforment négativement : Les roses en fumier (v.9). L'ouïe est également sollicitée de façon désagréable : les femmes criaient (v.11) pour exprimer l'effet de la violence et de l'angoisse que suscite la mort. [...]
[...] La mort ne pourrait-elle donc pas représenter le diable. En tout cas, les peurs et les souffrances qui se manifestent sont concrètes : troupeau frissonnant (v.17), peuples éperdus (v.16), et des hyperboles parcourent le poème pour souligner ses nombreux effets les termes ruisseaux mères (v.10, femmes (v.11), linceuls (v.15). D'ailleurs, le registre macabre est présent à chaque vers et la nature participe de ce tableau funèbre. B. Un poème religieux Les trois derniers vers marquent une rupture avec le début du poème, cette rupture est mise en relief par une asyndète au v.19 qui introduit la chute finale par une description : Derrière elle, le front baigné de douces flammes Ici, la lumière n'est plus celle de la faulx destructrice : douces flammes renvoie à la vie et donc s'oppose à la mort et la métonymie le front évoque l'esprit, l'aspect spirituel, la foi. [...]
[...] Leurs questions : pourquoi l'avoir fait naître ? (v.12), ce cri des mères ne s'adresse pas à la mort, le véritable destinataire est D.ieu. Le complément de but antéposé dans leur question souligne la révolte de toutes les mères, de toutes les femmes. La mort des enfants qui clôt la description de la destruction opérée par la mort apparaît comme étant la plus injuste : ce petit être (v.11) met en valeur l'horreur d'un monde où l'innocence des puni ce qui fait allusion peut-être à la mort de Léopoldine mais aussi au Massacre des Innocents dans la Bible peuples éperdus (v.16) pour évoquer la fuite des Hébreux. [...]
[...] C'est d'ailleurs en 1856 qu'il publie Les Contemplations. Ce recueil fortement autobiographique est divisé en 2 parties (Autrefois et Aujourd'hui) séparées par la date de la mort de Léopoldine, sa fille. Pour ce qui nous concerne, Mors est extrait de la deuxième partie : Aujourd'hui Plus précisément Mors se situe dans la partie intitulée Pauca Mae titre adopté d'une bucolique de Virgile, c'est le seizième poème. Son titre en latin, comme le titre de sa section souligne qu'il s'agit d'une allégorie qui fait référence à l'apocalypse de Saint-Jean. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture