C'est le souvenir de Rimbaud que reconstitue Verlaine dans ce sonnet en alexandrins comme la plupart des poèmes de Sagesse. Après l'incident du pistolet de 1873 et l'emprisonnement à la prison de Mons pendant deux années, Verlaine après s'être converti à la religion catholique souhaite revoir Rimbaud, ce qu'il fera d'ailleurs à Stuttgart en 1875. Comme Chateaubriand, il a "pleuré et il a cru", il pardonne à son ami et souhaite revoir l'adolescent qu'il aime toujours (...)
[...] Verlaine est dans le noir dont il reconnaît avoir la plus grande peur. Il s'adresse à sa conscience dans un style familier " Que crains-tu ? " et nous donne des indices sur celui qui lui fait peur, c'est Rimbaud. La guêpeivre, le vol fou sont des termes ou des expressions des poèmes les plus célèbres, le " bateau ivre " ou le " noir corset velu des mouches éclatantes" de voyelles, le sommeil est celui du " dormeur du val le coude sur la table, c'est la position favorite de Rimbaud. [...]
[...] Je déjeune toujours d'air, De roc, de charbon, de fer. L'espoir de revoir et convertir Rimbaud " L'espoir luit comme un brin de paille " rappelle le poème " Je ne sais pourquoi " et fait partie de la 3ème section du recueil " sagesse " publié en 1881 qui commence par ces vers " Désormais le Sage, puni Pour avoir aimé les choses". Le poème a été écrit en prison où Verlaine a été incarcéré pour avoir tiré sur son ami Rimbaud. [...]
[...] Mais Verlaine a lu l'exemplaire d'une saison en Enfer que Rimbaud lui a dédicacé, et surtout le poème " Mauvais sang " dans lequel Rimbaud se décrit assez fidèlement descendant de gaulois dont il en a hérités tous les vices. Le retour de Rimbaud et sa conversion constituent un bien mince espoir. Les roses de septembre, en souvenir de leur première rencontre en septembre 1971 (et pas 1869 comme j'ai pu lire) sont bien fanées. L'espoir d'une réconciliation entre Verlaine et Rimbaud s'est définitivement éloigné avec la parution d'une saison en enfer. L'entrevue de Stuttgart en février 1875 tournera rapidement à la bagarre et marquera la rupture définitive d'une liaison commencée quatre ans plus tôt. [...]
[...] II- Une lueur dans l'univers carcéral Pour Verlaine Rimbaud demeure un être surnaturel. Depuis son univers carcéral, Verlaine s'ingénue à créer des percées, à chercher une issue. Il transmute l'image oppressante du " caveau " cellulaire amèrement nommé " berceuse" en l'image protectrice d'un vrai berceau pour l'âme, un cocon plein de rêves et de voix, dans lequel la malfaisante Mathilde est exhortée à s'éloigner. Celui qu'il admirait par-dessus tout est probablement l'unique auteur de sa conversion, de sa grâce et ne doit rien à quelque aumônier de sa prison. [...]
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