Le malaise qui se cachait derrière le ciel si bleu et si calme (trop bleu, trop calme), la plainte de l'oiseau et l'immobilisme anormal du paysage trouve son dénouement dans les deux dernières strophes à travers trois thèmes liés, l'exclusion, le remords et les larmes. L'exclusion était déjà présente de façon suggestive dans la première strophe avec un horizon limité à un pan de ciel (...)
[...] Le rythme du poème est à l'image du balancement de cette feuille. Le rythme 8/4 imprime une respiration particulière au poème par des effets d'impulsion et d'amorti Le mouvement d'amorti est accentué par l'effet de sourdine inhérent au " e " muet (calme, palme, tinte, plainte). Le rythme fluide est modulé par les allitérations feutrées en s (ciel, si bleu, si calme) et l'écho assourdi des sonorités en " on " an " in " (qu'on, tinte, chante). Le ciel bleu et calme renvoie à un univers limpide, transparent étrange dans les paysages verlainien beaucoup plus sombres et traduisant généralement une angoisse. [...]
[...] C'est une vision restrictive qui procède par plans successifs et s'accroche aux détails, le toit et non les maisons, la palme et non la branche. L'alternance des articles définis et indéfinis le ciel, un arbre, la cloche, un oiseau reproduit le va et vient d'un regard qui passe du concret à l'abstrait (le ciel, la cloche, la rumeur) d'un plan éloigné à un plan rapproché (l'arbre). Le poète n'a pas d'autres repères que ces trois éléments, le ciel, le toit, l'arbre. [...]
[...] Ce poème est le regard lucide d'un homme conscient de sa faiblesse et qui confesse sans indulgence son âme qu'il connaît trop bien. Les larmes excluent toute idée de révolte et d'action au profit d'une passivité complaisante. C'est une poésie du remords et de l'aspiration à la liberté marquée par la pudeur et le dépouillement à travers la pureté de lignes et de sonorités dont Verlaine ne conserve que les impressions. [...]
[...] Cet ailleurs est d'autant plus proche qu'il porte un nom " la ville " et qu'il a une existence sonore, " la rumeur Cet ailleurs, ce " là-bas qui se définit par des termes positifs " la vie " calme " simple "tranquille", " paisible", renvoie implicitement à un " ici " négatif non formulé explicitement comme l'univers carcéral. " la vie " qui suit son cours de l'autre côté du toit n'a de réalité que par rapport à l'univers morbide et cloisonné du poète prisonnier, de même que sa douleur sereine n'a de valeur que par rapport au tumulte qui l'habite. Verlaine se prend directement à parti " qu'as-tu fait, ô toi que voilà " et se juge sans complaisance responsable de son bonheur perdu. [...]
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