Ce poème sans titre est extrait du recueil intitulé Sagesse. Il est construit en quatre strophes de quatre vers chacune et en vers de longueurs différentes : 8 pieds / 4 pieds. Ce poème fait référence à un séjour en prison subi par l'auteur.
On peut d'ailleurs faire un parallèle avec le poème de Guillaume Apollinaire, "Alcools VI". On verra donc comment ce réel est traité et transposé dans le texte littéraire (...)
[...] Pourquoi des vers de longueur inégale ? Quel effet produit cette alternance de long / bref, long / bref ? Pourquoi l'auteur commence t-il par le ciel, le toit (lenteur et harmonie triste des vers) pour en arriver à l'accélération brusque de Mon Dieu, Mon Dieu puis Qu'as-tu fait, toi que voilà ? On repérera d'abord strophe par strophe les aspects sonores du poème, aspects induits pour partie par le visuel : L'alternance entre vers long (huit pieds) vers brefs (quatre pieds) produit un rythme semblable à celui d'un code, comme le morse, long-bref, long- bref, un balancement quasi-physique. [...]
[...] Après la mise en place du décor, puis du son, que va-t-il se passer ? Le tableau poétique (malgré son prosaïsme) deviendrait-il fragment de narration ? - La troisième strophe introduit une exclamation sans ponctuation correspondante, une exclamation qu'on pourrait dire intériorisée. Elle n'est d'ailleurs pas encore en mots : il y a l'exclamation Mon Dieu répétée, comme réverbérée sur l'âme du on il y a la rumeur - La quatrième et dernière strophe ouverte par un tiret laisse le langage articulé faire irruption, et c'est le langage de quelqu'un qui dit tu à l'autre, ô toi que voilà : au poète, au lecteur ? [...]
[...] Et si elle a été bien ou mal employée, pouvons-nous en juger ? La question qui forme le dernier vers reste donc sans réponse autre que sa résonance dans le cœur des lecteurs. On ne sait donc pas si de la contemplation de la nature naît la sagesse, mais on perçoit une profonde fêlure, qui se manifeste avec des procédés variés. Les verbes sont au présent de l'indicatif, temps et mode du réel (les choses sont ainsi, permanence, durée), sauf pour la dernière strophe : le passé composé signe un temps révolu et qui ne reviendra pas en face duquel se tient un participe présent accompagné d'un adverbe sans cesse Mais il ne s'agit pas du même présent que celui de l'indicatif, plutôt de la redite de qui ne parvient pas à maturité. [...]
[...] La dernière strophe est remarquable parce qu'elle rompt avec les précédentes : d'abord elle commence par un tiret, qui est la marque du dialogue, et se termine par un point d'interrogation, ce qui suppose une réponse hors poème, implicite ou livrée au lecteur ; ensuite, les verbes sont à la deuxième personne et non plus à la troisième personne. Que décrit-il et pourquoi cette question finale ? Voilà ce qui peut ordonner notre analyse. II] Une première approche, par les sens : aspects visuels et auditifs. On peut commencer par observer et faire observer l'apparence de ce texte : la disposition sur la page, les majuscules au début de chaque vers permettent de parler de ce texte comme d'un poème. [...]
[...] Le poète irait de la contemplation à la prise de conscience. - La première strophe est semblable à un tableau sensible (de la sensibilité de l'observateur) : verbe être berce ; syntaxe qui enchaîne les propositions indépendantes sur le mode de la parataxe. Au vers le point d'exclamation semble animer le ciel, tout comme le vent (qu'on ne voit pas) nous apparaît à travers son action, le verbe berce - La deuxième strophe, avec deux expansions du nom par des propositions relatives, permet d'introduire progressivement l'observateur, un on qui voit. [...]
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