En sourdine est l'avant-dernier poème des fêtes galantes. Comme dans la plupart des poèmes des fêtes galantes, Verlaine n'est pas un poète confortable, il introduit un doute qui rend difficile toute interprétation. Tous les poèmes des Fêtes galantes sont en porte à faux et tout baigne dans l'équivoque (...)
[...] La femme est invitée à fermer les yeux mais seulement à demi pour rester vigilante, puis à croiser les bras sur sa poitrine et à chasser toute arrière pensée ou tout espoir de prolonger l'aventure du couple. Dans cette atmosphère de libertinage sophistiqué, dans lequel les sentiments se résument souvent à un jeu de cache-cache, la femme ne doit pas succomber au premier amant. C'est évidemment par pure ironie que Verlaine invite les belles à éluder les ardeurs de ces amants à l'affût de voluptés peu onéreuses. II- Une poésie anti-romantique On retrouve dans ce poème tout le caractère artificiel des recherches amoureuses. [...]
[...] Le libertinage amoureux, toile de fond Ce poème en alexandrins et heptasyllabes traite comme les autres poèmes des fêtes galantes, de la recherche de l'amour vue sous un jour superficiel. " En sourdine " baigne dans une lumière crépusculaire, prélude à la nuit solitaire et glacée de " Colloque sentimental On retrouve le décor des tableaux de Jean-Antoine Watteau (Pélerinage à l'île de Cythère) avec les grands arbres dont les branches hautes donne à la scène l'allure d'un berceau. Les amants sont invités à fusionner leur âme, leur coeur et leur sens. [...]
[...] Ce bercement, cet assoupissement nécessaire de la conscience pour écouter le murmure de son cœur est déjà perceptible dans la monotonie 1/3/3 du rythme des vers " Fer/me tes yeux/à demi " Croi/se tes bras/ sur ton sein " Chas/s(e) à jamais/tout dessein En ajoutant le temps et la répétition nécessaire au message amoureux être persuasif Verlaine veut probablement rappeler qu'il n'avait jamais perdu l'espoir de conquérir Elisa (elle est décédée en 1867). En sourdine est une comédie légère de l'amour qui trahit la nostalgie, le besoin de sentiments simples, sincères et profonds de Verlaine. Le poète nous demande d'écouter simplement son cœur intérieur, dans le silence, sans le brouillage extérieur de beaux discours ou de "masques". C'est ce qu'il pensera avoir trouvé peu de temps après avec Mathilde Mauté. [...]
[...] Lorsque le soir tombe chacun retrouve sa solitude et son désespoir rendu encore plus douloureux quand il s'accompagne du chant du rossignol. III- L'échec amoureux La vrai nature de Verlaine est plutôt celle d'un enfant qui rite, qui pleure, qui se console. Il est resté naïf, tendre et doux, en opposition aux sentiments des autres. Sa poésie spontanée, naturelle est à l'opposé de celle frigide, impassible des parnassiens, travaillée et donc artificielle. " Pénétrons bien notre amour dans ce silence profond " est une invitation à ne pas se laisser séduire par des discours trop travaillés. [...]
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