Le poème "Charleroi" emprunte son titre au nom d'une ville belge, située dans une région minière et industrielle. Parmi les champs et les usines, un train emmenant Verlaine et Rimbaud roule à toute allure. Au rythme haletant de sa course le poème se présente comme une succession rapide et discontinue d'impressions jetées à la face du voyageur (...)
[...] Des bruissements lugubres se font entendre comparables à ceux des " sistres " instruments de musique funéraire dans l'ancienne Égypte. Les sensations olfactives sont présentes dans quatre strophes sur sept. Elles paraissent obsédantes et étranges. Par deux fois se pose la question de la nature des odeurs " qu'est-ce que c'est", " on sent quoi ? Les odeurs sont assimilées à des " Parfums sinistres " alliance contre nature d'un substantif" parfum " de connotation agréable avec le qualificatif sinistre. [...]
[...] Sous cette avalanche de visions et d'odeurs démoniaques des environs de Charleroi, le voyageur sort assourdi, étourdi sous ce chaos de sensations fulgurantes. II- La poésie impressionniste Tout l'art de Verlaine s'est élaboré en même temps que prenait corps la " révolution impressionniste le recueil Romances sans paroles dont est issu le poème parait l'année même où est exposé le tableau " impression, soleil levant " qui devait donner son nom au groupe de peintres. Déjà dès l'enfance Verlaine avait manifesté des dispositions appréciables pour la peinture et le dessin. [...]
[...] Parmi les champs et les usines, un train emmenant Verlaine et Rimbaud roule à toute allure. Au rythme haletant de sa course le poème se présente comme une succession rapide et discontinue d'impressions jetées à la face du voyageur. Dans ce chaos de sensations brutales et d'impressions fulgurantes le voyageur éprouve une sorte de vertige enivrant. Mais les intervalles du fracas laisse toutefois le temps au lecteur d'une transfiguration métaphorique et fantastique qui lui permet d'unir son âme au paysage. [...]
[...] La fuite de Verlaine vers Charleroi est aussi celle d'une fuite en avant dans l'espace et la poésie. L'influence de Baudelaire est également perceptible, à la différence que Verlaine ne confère pas aux sensations une valeur métaphysique. Ses correspondances sont horizontales, objets et paysages sont en mystérieuse correspondance avec nos sentiments. La personnification du paysage " le vent profond pleure le " buisson gifle " les métaux crient" nous suggèrent les plaintes des mineurs ou les angoisses de la nuit. [...]
[...] La syntaxe est ramassée abrupte, souvent proche du style oral. La 3ème strophe a une syntaxe nominale qui, dans son raccourci, reste au plus près de l'impression reçue. Les interrogations sont formulées de façon familière ou elliptique " On sent donc quoi ? " Où Charleroi ? Le rythme saccadé est accentué par la ponctuation violente, cinq points d'interrogation et quatre points d'exclamation. Chaque strophe se lit à deux niveaux, un niveau purement visuel et un autre intérieur qui en fait la traduction personnelle du poète. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture