Ce poème figurait d'abord dans le recueil Cellulairement qui rassemble des poèmes écrit en prison. Le titre initial était: « Promenade au préau. Prévenus ». A première vue ce poème relate une scène de prison (la promenade) mais, c'est aussi une ronde qui se reproduit de strophe en strophe, et c'est enfin une complainte mêlée d'humour et de résignation (...)
[...] II Une ronde interminable L'image surgit dès la l.4 structure strophique et effets de retour régulier (octosyllabe), l'image circulaire des fleurs dans la 1 ère et la dernière strophe, ou de la pipe puis la captivité est en effet un monde fermé, circulaire et répétitif. La ronde est menée par des retours de sonorités: rime de "frONt" reprise à l'intérieur du vers 4 par "Qui vONt en rONd". L'image est reprise et développée à la strophe 2 par la référence biblique à la meule de Samson, et, c'est le poète lui-même qui lance le mouvement "Tournez" (répété 2 fois) répercuté par la reprise de "sans". [...]
[...] Cette référence évoque les supplices de l'enfer antique, la roue instrument de torture mais aussi la roue du "destin" qui ne sert ici qu'à broyer les vies, les "coeurs, leur "foi" et leur "amour" (14-16) (peut-être pour Rimbaud). L'image est donc reprise à son compte par le poète dans la 2ème partie du huitain.: parallélisme entre "Tournez Samsons" et "vaincu risible de la loi / Mouds tour à tour") 13-14). Elle développe ici, par une métaphore filée, le thème du tournement intérieur, de la rumination du prisonnier qui broie heure après heure sa propre personnalité, accompagné par les assonances en "ou ("TOUrnez, mOUds, tOUr à tOur") et les allitérations en ("touR à touR, ton coeur,") qui semblent mimer le mouvement et son bruit de meule. [...]
[...] A première vue ce poème relate une scène de prison (la promenade) mais, c'est aussi une ronde qui se reproduit de strophe en strophe, et c'est enfin une complainte mêlée d'humour et de résignation. I Le cadre humain et visuel du poème Détails de la situation carcérale éléments dénotatifs: une cour, la promenade, des hommes affaiblis aux souliers usés, la pipe au bec, la règle du silence (ou le "cachot), la chaleur, la société qui réprime, les voleurs vagabonds et filous. [...]
[...] Le poète accepte son propre rejet avec une résignation ironique, qui devient presque jubilatoire dans la dernière strophe : le vers s'anime (rythme plus coupé et plus enlevé), la ronde devient presque danse ou chanson, les notations affectueuses s'accumulent, les sonorités s'adoucissent "doux repris par "filous 34-35, "Filous par "fleur, les sonorités en "ou reviennent à la rime et un second "doux conclut le poème après la double scansion de "philosophiquement et "paisiblement qui revendiquent insolemment la sagesse de l'oisiveté. Ultime provocation : "Rien faire est doux" (40). Verlaine finit par louer son propre enfermement. Sens musical et rythmique de Verlaine, dépouillement de sa poésie (tantôt triviale, tantôt chantante, jamais emphatique). Singularité du ton, parfois ironique et jubilatoire, alors qu'il s'agit d'un épisode pénible de la vie du poète, dont la douleur point par éclats. [...]
[...] La strophe 2 est extrêmement douloureuse, sans toutefois verser dans l'épanchement lyrique, puisque Verlaine en appelle (ironiquement) à la continuation de ce supplice, dans lequel le lexique sentimental apparaît brièvement dans une belle clôture ternaire. La strophe 3 rompt aussitôt cette tonalité: coupure sèche du à la 2ème syllabe (v.17), rimes dures ("bruit sec "pipe au bec 18-20), ordres et phrases nominales: "Pas un mot ou bien c'est le cachot seule la fin de la strophe s'adoucit. Les vers suivants deviennent plus clairement ironiques et/ou polémiques: "ce cirque "si j'ai contristé / ton voeu têtu, / Société" (29-31). [...]
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