Commentaire composé du poème de Paul Verlaine qui s'intitule Colloque sentimental. Le poète fait plonger le lecteur dans un cadre spatio-temporel loin d'être idyllique et propice à l'échange amoureux, ce qui renforce le caractère sombre et désespéré que Verlaine confère à l'amour.
[...] Dans ce dialogue, alors que le premier personnage éprouve une brûlante nostalgie et souhaite faire partager les souvenirs d'un bonheur vécu, le second répond en un vif reniement du sentiment et semble vouloir oublier le passé. Les deux personnages campent tout deux sur leur position et le dialogue semble impossible. Dans ce poème, les vers 7 à 14 correspondent bien à la définition du dialogue puisqu'il s'agit d'une conversation entre deux personnages. Cependant, il s'agit ici d'un dialogue bien particulier et hors du commun. [...]
[...] Or ici, le parc est pourvu dès le premier vers de trois qualificatifs qui desservent cet aspect harmonieux : ce parc est vieux, solitaire et glacé (vers 1). La caractérisation du parc imprime une connotation péjorative mais une sensation de flou persiste et amène le lecteur à se questionner quant au choix d'un tel décor : s'agit-il d'un passé ancien, isolé, éloigné de toute vie ? Les relations des deux personnages sont-elles à l'image de ce parc ? Ce même vers est ensuite repris au vers tel une sorte de refrain qui pousse sans cesse le lecteur à se remémorer ce décor pour le moins étrange. [...]
[...] Pour lui, les souvenirs ne l'enchantent guère et il ne trouve aucune importance à remuer le passé, pensée qu'il réitère au vers 10 avec une réponse sous forme d'une phrase nominale et négative que l'on pourrait difficilement raccourcir. Cette brève réponse montre qu'à la différence du premier, ce second personnage n'éprouve plus les mêmes sentiments que dans le passé, il a véritablement tourné la page. Il agit ainsi soit parce qu'il ne ressent absolument plus rien, soit parce qu'il se refuse à réveiller les sentiments passés. Sa troisième réplique est moins catégorique mais elle reste très évasive et laconique. Il ne nie ni n'approuve les propos. [...]
[...] Cette notion d'enfermement est renforcée au vers 15. En effet, le décor du parc ouvre le poème dès le premier vers mais il en prononce également la fermeture aux vers 15 et 16 où l'on en apprend davantage sur ce parc, répandu d'avoines folles (v.15), élément qui renforce le caractère abandonné du parc, et sur le temps de l'histoire qui se déroule la nuit (v.16), moment qui s'apparente à la tonalité sombre du décor. Notons que la personnification de la nuit qui entend (v.6) tend à l'ériger en tant que seul témoin de l'échange entre les deux personnages et finalement peut être aussi le seul élément vivant du poème. [...]
[...] Tout au long du poème se côtoient différents temps du présent et du passé. Le présent de l'indicatif est utilisé au vers 3 avec sont et au vers 4 avec on entend pour rendre plus vivant le poème, ainsi que lors de l'échange de paroles (vers et 10) afin de rythmer le dialogue. Notons également l'emploi de l'imparfait (vers et 15) qui sert à décrire les actions ininterrompues et révolues, ainsi que le passé simple (vers 16) qui nous indique des faits surgissant. [...]
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