À l'instar du pinceau d'un peintre, la description suit le mouvement du voyageur vers l'auberge. Le bâtiment se détache dans la campagne et apparaît à la césure du premier vers comme au détour du chemin, d'autant que l'enjambement entre les vers 1 et 2 accentue cette escale surprise : Murs blancs, toit rouge, c'est l'Auberge fraîche au bord / Du grand chemin poudreux où le pied brûle et saigne. Le mouvement se fait ensuite de l'extérieur vers l'intérieur pour repartir vers l'extérieur avec le dernier vers (...)
[...] Il est en effet reconnu par les symbolistes et les décadents comme un précurseur de leur mouvement. À côté de quelques très beaux poèmes, son œuvre oscille entre une production animée de bons sentiments (la Bonne Chanson, Sagesse), des recueils aux qualités inégales et une importante veine paillarde (Femmes, Hombres, posthumes). Quand elle lui appartient véritablement, ce qui fait le charme de la poésie de Verlaine, c'est sa musicalité, à la tonalité tendre et nostalgique. Il est celui qui a lancé la notion de poètes maudits Habitué aux poésies de l'errance et du voyage, il semble que dans L'Auberge il ait décidé de se poser et de peindre le monde comme le ferait un peintre. [...]
[...] Ainsi, à la manière d'un peintre, le poète décrit son arrêt dans l'auberge de façon très réaliste. Cependant, son regard sur les couleurs, sur le lieu, les gens et les objets, transpose le réel et lui donne une intensité poétique. II- Des images du bonheur simples mais naïves comme l'enfance L'impression générale qui se dégage est celle d'un bonheur enfantin et fait de l'auberge un lieu où les souffrances s'apaisent, où la gaieté règne sous l'enseigne du Bonheur (vers 3). [...]
[...] De plus, les trois couleurs citées dans la première strophe renvoient au drapeau français et font de l'auberge une sorte de patrie où l'on se sent bien. Stimulant les yeux, les lumières et les couleurs enrichissent alors le monde concret, celui de la description, puis le monde abstrait, celui de la contemplation. Les couleurs sont rendues telles qu'elles apparaissent dans l'esprit du poète voyageur, banales comme le blanc des murs (vers ou plus étranges comme le bleu du vin (vers 4). [...]
[...] Grâce au champ lexical du bonheur, omniprésent dans le poème, Verlaine insiste sur le sentiment de bien-être qui émane de cette auberge : fraîche (vers gaie (vers Bonheur (vers amour (vers joie (vers aise (vers et allègre (vers 13). À partir de la description réaliste d'une auberge de campagne, le poète voyageur parvient à donner une image de bonheur au lecteur qui se confirme par une atmosphère délibérément naïve. Une atmosphère naïve En effet, si, à la première lecture, ce poème peut paraître comme une banale description, il présente en fait toute l'émotion poétique du voyageur face à ce décor : - Verlaine met volontairement en évidence le côté naïf de cette auberge (aux images / Violentes, vers impression qu'accentuent la diérèse et le rejet au vers suivant de l'adjectif. [...]
[...] C'est la marmite, vers 12) et enfin se tourne vers l'horloge (L'horloge du tic tac allègre de son pouls, vers 13). Le tableau est ainsi construit en trois temps. Le voyageur perçoit d'abord l'auberge et ses habitants, il contemple ensuite les tableaux intérieurs puis la campagne extérieure. Le retour au réel est donc enrichi par la contemplation poétique. Les différentes scènes du tableau Le réalisme de la description est également rendu par le réalisme des sensations, notamment à travers l'importance accordée aux couleurs. [...]
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