[...] Verlaine veut une poésie musicale : "de la musique avant toute chose" (v 1) et "De la musique encore et toujours !" (v 29).
On note le champ lexical du son : "chanson" (v 7), "musique" (v 1et 29), "sourd" (v 25), "qui sonne creux et faux" (v 27).
Pour être musical, Verlaine conseille le vers impair : "Et pour cela préfère l'impair / Plus vague et plus soluble dans l'air" (v 2-3).
Il refuse la déclamation traditionnelle que l'on trouve en poésie à cette époque.
Le poète condamne tout ce qui "pèse ou qui pose" (v 4) et souligne l'importance de la légèreté : "Que ton vers soit la chose envolée" (v 30).
[...]
Les auteurs classiques recommandent d'utiliser le mot juste. Verlaine, au contraire, conseille d'employer les mots avec confusion : "Il faut aussi que tu n'ailles point / Choisir tes mots sans quelque méprise" (v. 5-6).
Il recommande d'être imprécis : "Où l'Indécis au Précis se joint" (v 7), "la chanson grise" (v 7).
On note le champ lexical de l'imprécision : "grise" (v 6), "indécis" (v 7), "voiles" (v 8), "tremblant" (v 9), "attiédi" (v 10), "fouillis" (v 11), "nuance" (v 12-14).
Verlaine préfère la nuance : "car nous voulons la Nuance encor" (v 12), "rien que la Nuance" (v 13).
La nuance est un dégradé de couleur, alors que la couleur évoque une réalité franche et précise (...)
[...] Oh! la nuance seule fiance Le rêve au rêve et la flûte au cor ! Fuis du plus loin la Pointe assassine, L'Esprit cruel et le Rire impur, Qui font pleurer les yeux de l'Azur Et tout cet ail de basse cuisine ! Prends l'éloquence et tords-lui son cou ! Tu feras bien, en train d'énergie, De rendre un peu la Rime assagie. Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ? Ô qui dira les torts de la Rime ? [...]
[...] B La poésie romantique Verlaine condamne le lyrisme de la poésie romantique du 19è siècle : Prends l'éloquence et tords-lui son cou ! ( v 21). Pour lui, les effusions lyriques de Lamartine, de Musset, d'Hugo manquent de naturel. C La poésie parnassienne Il critique surtout la poésie parnassienne, qui n'attribue de l'importance qu'à la forme sans la rattacher à une émotion. Le titre même du poème (Art poétique) s'oppose au poème L'Art de Théophile Gautier qui définit les principes de la poésie parnassienne. [...]
[...] Pour Verlaine, comme pour les symbolistes, le langage poétique ne doit pas décrire les choses mais les suggérer. On note les majuscules qui donnent un sens allégorique au mot : Impair Indécis Précis Nuance Couleur Pointe Rire Esprit Azur Rime 22-24). L'alliance de la chanson grise évoque l'état d'âme de Verlaine, et crée des correspondances entre la poésie et la musique et la peinture. C Le refus de la rime Verlaine refuse la prédominance de la rime : - O qui dira les les torts de la Rime 25) - Tu feras bien, en train d'énergie / De rendre un peu la Rime assagie / Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ? [...]
[...] Verlaine donne dans ce poème sa conception de la poésie. - Le plan de l'explication : I Les recommandations de Verlaine La musicalité et la préférence pour l'impair B nuance C Le refus de la rime II Ce que Verlaine rejette A La poésie satirique B La poésie lyrique et romantique du 19è siècle C La poésie parnassienne III L'application des principes du poète et leur portée A Une application des principes du poète B - La portée de ces principes Dans une première partie nous verrons les techniques d'écriture poétique conseillées par Verlaine, et dans une seconde partie celles qu'il rejette. [...]
[...] Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d'un sou Qui sonne creux et faux sous la lime ? De la musique encore et toujours ! Que ton vers soit la chose envolée Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée Vers d'autres cieux à d'autres amours. Que ton vers soit la bonne aventure Eparse au vent crispé du matin Qui va fleurant la menthe et le thym . Et tout le reste est littérature. [...]
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