À l'époque d'écriture du poème, Verlaine vient de perdre son père. Dans le même temps, seul et inconsolable, il écrit le poème précédent et fait part de sa souffrance affreuse devant le refus de sa cousine. Le contexte dépressif est donc là et il ne croit alors plus en rien. L'Angoisse fait entendre sa voix et témoigne d'un être de refus, marginal et solitaire (...)
[...] Il est celui qui a lancé la notion de poètes maudits Poèmes saturniens est son premier recueil de poèmes, publié en 1866. La logique du recueil obéit en partie à une rhétorique du livre qui porte la marque de l'époque de sa composition, avec notamment la division en sections qui le rapproche évidemment du recueil de Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal. Si Verlaine convoque Saturne, c'est en temps que planète tutélaire des mélancoliques, bien que le mot même de mélancolie n'apparaisse pas dans le poème (il donne toutefois son nom à la première section du recueil), non plus que le mot spleen trop évidemment associé à son emploi baudelairien. [...]
[...] L'Art et l'Homme, personnifiés par une majuscule, ont toujours été objet d'une vénération que Verlaine balaie ici d'un coup de plume. Le champ lexical de l'art, regroupant poésie, musique et architecture (Des vers, des temples grecs et des tours en spirales, vers mis en valeur par un rythme ternaire, suggère une attaque adressée aux Romantiques, passionnés d'Art et qui le mettaient sur un piédestal. Mais cet art est vain : les tours des cathédrales (vers symboles de la foi, plongent dans un ciel vide (vers 7). [...]
[...] Ces différents refus sont en fait l'expression la plus vive d'un lyrisme désenchanté. II- Une poésie parnassienne Mouvement littéraire qui doit son appellation à une référence mythologique grecque, le ont Parnasse, lieu sacré habité par les Muses et leur conducteur, le dieu Apollon, la poésie parnassienne influence incontestablement ici Verlaine. La structure du poème Avec la forme classique du sonnet, l'auteur veut suivre les parnassiens, dont il recherche l'amitié : - dans le premier quatrain, il travaille, comme les parnassiens, le style en utilisant avec succès les enjambements et les rejets déjà introduits par les romantiques. [...]
[...] Au contraire, Verlaine insiste sur son refus, en cumulant les négations : rien ne , ni , ni , ni , ni déclinant l'image d'Épinal du spectacle de la Nature. L'ironie, qui traduit la distance du poète, s'exprime par les rejets de Nourriciers (vers et Siciliennes (vers et l'expression aux sonorités discordantes (allitérations lourdes en et et assonance en les pompes aurorales (vers 3). Le rythme est lent et désespéré, souligné par un quatrain en une seule phrase et témoignant de l'absence de fusion entre le poète et la Nature. [...]
[...] Lasse de vivre, ayant peur de mourir, pareille Au brick perdu jouet du flux et du reflux Mon âme pour d'affreux naufrages appareille. Paul Verlaine, Poèmes saturniens, L'Angoisse. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Poète français, Paul Verlaine (1844-1896) est avant tout le poète des clairs-obscurs. À côté de quelques très beaux poèmes, son œuvre oscille entre une production animée de bons sentiments (la Bonne Chanson, Sagesse), des recueils aux qualités inégales et une importante veine paillarde (Femmes, Hombres, posthumes). Quand elle lui appartient véritablement, ce qui fait le charme de la poésie de Verlaine, c'est sa musicalité, à la tonalité tendre et nostalgique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture