Sciences humaines et arts, Van Gogh et le suicide de la société, Antonin Artaud, commentaire stylistique, Champ de blé aux corbeaux, figures stylistiques, dernier tableau de Van Gogh, épidictique, hommage à Van Gogh, spleen baudelairien
L'auteur de cet extrait, Antonin Artaud (1896-1948), écrivain, dramaturge, poète, a souffert sa vie durant de divers traumatismes de son enfance et des suites d'une méningite ; des douleurs permanentes traitées par les électrochocs, l'opium et les anxiolytiques. Séjours psychiatriques, sevrages, délires, démence, sa vie fut un chemin de croix. A l'occasion d'une rétrospective sur Van Gogh à l'Orangerie, à Paris, Antonin Artaud évoque l'œuvre de Vincent van Gogh (1853-1890) dans un essai : "Van Gogh, le suicidé de la société", où il met en accusation la psychiatrie, qui, selon lui, a "suicidé" ce peintre, dont la peinture attaquait l'idéal de l'art bourgeois de l'époque.
Car Antonin Artaud "est" Vincent van Gogh. N'ont-ils pas eu tous les deux, le peintre et l'écrivain, des existences aux ressemblances troublantes : souffrances permanentes, rejet de la société, désir d'absolu, solitude extrême, passions dévorantes ? Écrit un an avant sa mort, ce texte concerne le tableau "Champ de blé aux corbeaux" peint par Van Gogh deux jours avant son suicide, en juillet 1890. Plus qu'une simple critique picturale, c'est un splendide hommage lyrique rendu à un artiste qui, comme Antonin Artaud, appartient au monde des rejetés de la société. C'est un texte d'une densité intense, dont les innombrables figures stylistiques et linguistiques soutiennent et illustrent une progression musicale par vagues. L'auteur a exploité toutes les ressources de son style et de sa sensibilité pour rendre compte de l'œuvre.
[...] Obsession couverte par l'admiration d'Antonin Artaud pour la capacité de Van Gogh à transfigurer la nature, comme personne. Dans cette ecphrasis, Antonin Artaud a réécrit avec des mots ce que Van Gogh a peint avec ses tubes, ses pinceaux, ses toiles, c'est-à-dire la sordide simplicité de ce qui nous entoure, personnes, éléments, objets, pour la métamorphoser magnifiquement. Son texte magnifie la puissance de Van Gogh l'alchimiste, qui a découvert la pierre philosophale ce qui lui permet de transmuter, transfigurer le banal, voire la laideur, en un au-delà un ailleurs sublimé, pour entrer dans l'immortalité. [...]
[...] Car Antonin Artaud est Vincent van Gogh. N'ont-ils pas eu tous les deux, le peintre et l'écrivain, des existences aux ressemblances troublantes : souffrances permanentes, rejet de la société, désir d'absolu, solitude extrême, passions dévorantes ? Écrit un an avant sa mort, ce texte concerne le tableau Champ de blé aux corbeaux peint par Van Gogh, deux jours avant son suicide, en juillet 1890. Plus qu'une simple critique picturale, c'est un splendide hommage lyrique rendu à un artiste qui, comme Antonin Artaud, appartient au monde des rejetés de la société. [...]
[...] C'est ce qui me frappe le plus dans van Gogh, le plus peintre de tous les peintres et qui, sans aller plus loin que ce qu'on appelle et qui est la peinture, sans sortir du tube, du pinceau, du cadrage du motif et de la toile pour recourir à l'anecdote, au récit, au drame, à l'action imagée, à la beauté intrinsèque du sujet ou de l'objet, est arrivé à passionner la nature et les objets de telle sorte que tel fabuleux conte d'Edgar Poe, d'Herman Melville, de Nathanaël Hawthorne, de Gérard de Nerval, d'Achim d'Arnim ou d'Hoffmann, n'en dit pas plus long sur le plan psychologique et dramatique que ses toiles de quatre sous, ses toiles presque toutes, d'ailleurs, et comme par un fait exprès de médiocre dimension. Antonin Artaud, Van Gogh le suicidé de la société, NRF-Gallimard, [1947] 1974, p. 26-28. Annexes : Antonin Artaud par Georges Charbonnier/ page 208 Champs de blé aux corbeaux, juillet 1890. [...]
[...] L15 à L20 Vague montante : une mort mystique peut être libératoire pour le seul L21 à L27 - Vague descendante. Ténèbres, morbidité, suicide, suffocation. Acmé. L28 et 29 Vague étale : Van Gogh est au sommet de son art, dans ce Champ de blé aux corbeaux Il a trouvé sa place. Il sait ce qu'il est et qui il est L30 à 36 Vague moutonnante (remous montants puis descendants) : joie et ténèbres. L37 à 44 Vague montante. Surenchère sur l'hymne du début. [...]
[...] Les figures clés du discours Marc Bonhomme, Éditions du Seuil page 45. Conclusion Spleen baudelairien, drame shakespearien et élisabéthain l'analogie littéraire est bien là, renforcée par les assonances (en a et les allitérations très rythmiques (en p s et n (L36) pathétique, passionnel, passionné Antonin Artaud porte un jugement final catégorique, à valeur de conclusion, où il proclame que l'art de Van Gogh surclasse les plus grands dramaturges et écrivains, de Gérard de Nerval à Edgar Poe. Les écrivains qu'il cite ne semblent pas pris au hasard : ils ont en commun d'être morts jeunes, parfois suicidés, et de s'être intéressés à la violence et à la folie des hommes. [...]
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