Tout d'abord, nous devons considérer le pronom personnel utilisé par le narrateur, apparaissant à deux reprises dans la première ligne : « m' ». Qui désigne ce « je » ? Comme l'explique Philippe Lejeune dans Le Pacte autobiographique (1975), pour qu'il y ait autobiographie, le « je » doit renvoyer à la fois à l'auteur, au narrateur et au héros (...)
[...] Nous nous devons alors de rappeler que Vallès a été journaliste et joue ainsi des ressources de la typographie : il sait accrocher l'œil de son lecteur. A cet égard, notons la présence de deux termes en italiques : tends oublié toujours dans le but de susciter l'attention du destinataire. Le roman de Defoe est donc découvert au terme d'efforts incommensurables, tel un trésor apparaissant aux yeux d'un aventurier. La lecture-évasion : La lecture de l'œuvre trouvée entraîne une véritable fascination chez Jacques, à tel point qu'il en perd la notion du temps. [...]
[...] Aussi remarquons-nous la présence d'un champ lexical des sensations : me voilà ( . ) devant sens de la vue), j'en vois je m'écorche (sens du toucher), je regarde mes yeux mon regard le cou brisé la faim me vient j'entends »(sens de l'ouie). Ainsi, Jacques Vingtras est abandonné, affamé, courbaturé, sensible au moindre bruit. Fait prisonnier par le surveillant, il vit la scène sur le plan sensoriel et souffre physiquement. Seule la découverte de Robinson Crusoé de Daniel Defoe permet à Jacques d'oublier cet environnement austère, cette prison privée de toute humanité. [...]
[...] Un texte satirique : Comme nous venons de le dire, à la fin de l'extrait, Jacques se prend pour Robinson. Cependant, n'est-il pas possible que Vallès fasse preuve ici d'ironie vis-à-vis de l'enfant qu'il a été, s'identifiant aux personnages imaginaires (lecture-identification) ? Quoiqu'il en soit, nous avons affaire à une satire de l'école. En effet, comme nous l'avons vu, elle est assimilée à une prison marquée par le manque, la décrépitude, la solitude, l'autorité. Seule la lecture permet d'oublier cet univers froid et inhumain. [...]
[...] Comme Robinson sur son île, Jacques Vingtras connaît la solitude, mais accède finalement à la liberté spirituelle. En ce sens, l'extrait revêt une dimension satirique : la vraie vie ne se trouve pas dans une salle de classe, et encore moins dans une salle d'étude où on est fermé à clef, mais bien plutôt dans les grands espaces, où l'enfant éprouve une liberté autant physique que spirituelle. C'est pour cette raison que le journaliste Vallès consacrera sa vie à dénoncer toute forme d'oppression dont est victime le peuple, et notamment le prolétariat. [...]
[...] Puni, Vingtras est seul dans la salle d'étude où l'a enfermé le surveillant. Mais loin de trouver le temps long, il découvre Robinson Crusoé : s'opère alors la magie de la lecture. Lecture. Nous nous demanderons donc dans quelle mesure sous la lecture- refuge se dissimule une critique acerbe de l'univers carcéral de l'école. Nous étudierons donc, tout d'abord, la façon dont Vallès dépeint l'école tel un monde d'incarcération. Dans un deuxième temps, nous verrons comment s'opère le pouvoir magique de la lecture sur l'enfant. [...]
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