Commentaire composé semi-rédigé de l'extrait "Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives..." issu de l'oeuvre de Chateaubriand Le vague des passions.
[...] qui le rejette, René s'enfonce plus qu'avant encore dans son isolement et ses songes en choisissant un "exil champêtre", où "la solitude absolue, le spectacle de la nature le [plongent] presque bientôt dans un état presque impossible à décrire". Toutes les anthologies proposent comme illustration exemplaire de ce personnage type du romantisme naissant, promis à si belle fortune, la page sur "les ravissements" de l'automne et les "orages désirés". Comment dire l'indicible, sinon par le biais des métaphores et des symboles ? Comment surmonter les contradictions intimes, le déchirement existentiel, sinon par l'incantation lyrique ? Texte étudié Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives, que j'éprouvais dans mes promenades ? [...]
[...] Comment peindre des passions désincarnées, en quelques sortes immatérielles, irréelles ou évanescentes : telles des "sons" ou le "murmure" des eaux et des vents, éléments fluides, instables, insaisissables ? Ces états d'âme, ces sentiments peuvent être ressentis en jouit") mais non verbalisés : les mots ne les approcheraient, ne les définiraient que pour les dénaturer ou les trahir . B. Métaphores et symboles . A moins que ces états d'âme ne passent par le détour d'un langage métaphorique ou symbolique, apte à établir des sortes de "correspondances" entre les chimères intérieures et les réalités concrètes, tangibles, audibles du monde extérieur, de la nature. [...]
[...] Sous le signe de la mort aussi, que symbolise la "cime dépouillée des arbres", que métaphorise le vole des "oiseaux de passage". La solennelle apostrophe file l'image, tisse la correspondance : "homme, la saison de la migration . le vent de la mort . tu déploieras ton vol . On ne sait trop si le clocher du hameau, s'élevant au loin de la vallée, est la promesse de la rédemption chrétienne ou un avertissement funèbre. Le "secret instinct" ne peut que s'orienter ici bas vers des "régions inconnues". [...]
[...] René ne rêve pas alangui au fond de quelque vallon automnal, il marche "à grands pas, le visage enflammé", tourmenté par le démon de l'écriture. Le texte n'est pas narratif mais foncièrement poétique : un "chant" s'élève dans telle phrase dont le rythme s'organise autour d'une césure ("Les sons que rendent [ . ] on en jouit"), jouant d'abord avec ampleur sur ses assonances et ses allitérations ; dans telle structure ternaire : "des vents, des nuages et des fantômes", "enchanté, tourmenté et comme possédé" ou binaire : "les bords ignorés, les climats lointains [ . [...]
[...] C'est à la musicalité de cette "désespérance" que furent sensibles les contemporains. Conclusion Le vrai René n'est pas seulement celui qui s'adonne avec tant de complaisance à son ennui, au vide de son coeur, au "vague des passions", c'est aussi celui qui le chante, et le romantisme - si romantisme il y a réside en ce lyrisme qui rend le coeur musicien. La crise de vie s'épanche en une sorte de crise, sinon de vers, du mois de prose poétique. [...]
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