Oreilles, lièvre, Fables, La Fontaine, poésie, littérature
'Les Oreilles du Lièvre' sont l'une des 1ères fables du livre V des Fables, et se trouvent ainsi dans le 1er recueil (publié en 1668 et dédié au Dauphin).
Fable relativement courte (22 vers) => alexandrins et octosyllabes (+ 1 décasyllabe au v. 17). La morale y est implicite, peut-être par prudence puisqu'il s'agit d'une fable qui fait la critique du despotisme, de ses exagérations => la fable de Faërne dont est tirée celle-ci avait en effet pour moralité 'Sous un tyran cruel guères n'est préférable / Le sort de l'innocent à celui du coupable'.
[...] Ce pronom indéfini appelle énumération : 5 espèces sont nommées (Chèvres/Béliers/Taureaux/Daims/Cerfs) animaux qui ont vraiment des cornes + 3 verbes pour montrer obéissance précipitée au lion : délogèrent/changèrent (à la rime, et le complément est antéposé, v donc le verbe prend plus de force)/s'en aller (promptement). La Fontaine poursuit en plus sa gradation/évolution ‘animal cornu'/'toute'/'chacun' au v : insistance à présent sur aspect personnel des conséquences de l'ordre du lion. Surtout que obéissance tellement précipitée que le royaume semble se vider d'animaux, et les vers de leurs syllabes : v et 8 = octosyllabes. Et le v prend encore moins d'espace sur la page. [...]
[...] Remarque : si le lion et le lièvre n'ont pas été utilisés au hasard, le choix du grillon semble plus arbitraire. Il pourrait aussi bien avoir été remplacé par un autre animal. Reprise du champ lexical des v. 6/7/8 ‘Adieu'/'je pars d'ici' + répétition pour la troisième fois en 4 vers du mot ‘cornes' obsession/insistance qui rend ridicule le propos. Mais usage de pronom indéfini ‘toute' v ordre du lion s'étendrait à tous les animaux qui ressembleraient plus ou moins à animal cornu'. V. [...]
[...] Impression d'entendre le lièvre trembler de peur. Redondance avec l'utilisation au v de ‘même' suivi de ‘encor'.Fermeture des guillemets à l'hémistiche + réponse du grillon. v : unique décasyllabe du texte. Usage de ce décasyllabe (avec forte rupture : parmi des octosyllabes et des alexandrins montre volonté de diversité de La Fontaine qui introduit de la rupture avec réponse apparemment sage du grillon mais qui pourtant reprend une fois de plus le mot ‘corne' (on entend presque l'écho des paroles du lion dans tout le royaume). [...]
[...] v : 1ère apparition du lièvre dans un alexandrin. L'animal est précisément identifié. Le lecteur comprend qu'il va voir les conséquences individuelles des ordres du roi. Il est dit que La Fontaine aurait remplacé le renard de la fable originale par le lièvre qui est un animal plus peureux, plus propre à créer le ‘pathos de la tyrannie' (Fumaroli) verbe ‘craindre' apparaît tout de suite, v Le lièvre craint ‘quelque inquisiteur'. Mot très connoté référence à climat de peur et de violences (châtiments/sentences publiques Mais mot qui connote aussi Espagne ou Italie stratégie de La Fontaine placer sa fable dans un autre pays, par prudence. [...]
[...] D'où, leçon de mesure que pourrait en tirer le Dauphin, à qui est adressé le 1er recueil des Fables. Le fait que le Dauphin soit le dédicataire des 6 1ers livres souligne d'ailleurs l'audace du moraliste qui critique le despotisme et l'arbitraire. A rapprocher de l'épître : laisser à Louis XIV le soin d'enseigner les faits héroïques, le goût de la gloire, garder l'enseignement de la modestie et de la mesure. [...]
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