Le passage concerné est particulièrement marqué par sa structure anaphorique. Usbek évoque un voyage "aux Indes" mais on s'est vite avisé qu'il parle bel et bien de la France et de la situation désastreuse provoquée par la banqueroute de Law ("le mauvais exemple d'un ministre" ne peut évoquer sous la Régence que le cardinal Dubois). Il s'agit d'autre part de la dernière lettre d'Usbek concernant l'observation des moeurs et il ne serait pas inutile de souligner qu'au terme de son voyage, Usbek n'a guère gagné qu'écoeurement et désillusion. (...)
[...] On remarque alors le retour du registre moral ("crime, corrompt, dégrade. dignité, vertu, mépris, rougir, bonté, indigne, déshonore"). Le dernier paragraphe révèle surtout cette préoccupation, et on oublie la plume d'Usbek : Montesquieu oppose le fer des aïeux (la vieille noblesse d'épée) à la noblesse moderne avilie par l'or. Témoignage réactionnaire d'aristocrate vertueux (et provincial) plus que dénonciation révolutionnaire ? - il faut cependant relier cette indignation aux convictions politiques et morales de l'auteur des Persanes : l'enrichissement doit être le produit du travail et de l'industrie, l'activité économique doit se faire dans la limite du respect des particuliers, il n'est pas de pratique collective (politique en particulier) qui ne doive s'accompagner de vertu. [...]
[...] Rarement le ton d'Usbek-Montesquieu aura été aussi vibrant de colère. Les anaphores donnent à la lettre une tonalité oratoire et lyrique. II L'indignation - Ces caractères se retrouvent dans l'expression de l'indignation. De nouvelles anaphores (les questions finales et en particulier les "Que dira?") en sont les moyens essentiels : elles s'adressent par-delà Rhédi à l'ensemble des lecteurs et représentent l'étendue d'une faute. - Il est tentant d'abord de rapprocher ce tableau des mœurs perverties et celui des mauvais Troglodytes (lettre en particulier l'avant-dernier paragraphe où il est question d'un obscurcissement de la vertu. [...]
[...] I Une accusation. - les anaphores des "J'ai vu" rappellent les "J'accuse" de Zola. Même litanie donnant l'impression d'une série de crimes insupportables, d'autant qu'elles constituent de courts paragraphes. - elles s'accompagnent d'un registre de vocabulaire particulièrement violent dans le domaine criminel ("bannie, anéantie, renversée. couteau, ruine, ruiné, ruinerai, fer, assassiner,larme, mourras, douleur, tristesses, crime) et ce vocabulaire se marie parfaitement avec un registre juridique ("contrats, paiement, lois, débiteurs, ministres obligation"). L'effet obtenu est de confondre le crime avec sa légalité. [...]
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