Le poème évoque une marche de baladins. D'une gaîté bon enfant, rêveurs impénitents, ils découvrent des arbres fruitiers (ils sont sans doute tentés par leurs fruits), alors que l'ours et le singe, veilleurs sur l'intérêt du groupe, « Quêtent des sous sur leur passage ».
Un monde féerique auquel Apollinaire accorde beaucoup de significations. Il montre sa sympathie pour ces rêveurs, ces poètes, ces baladins. Ce sont le symbole de l'errance, de la liberté. Ils mangent et couchent là où bon leur semble. C'est au fait une sympathie secrète que manifeste le poète à ces gens, parfois réels, parfois fictifs.
[...] Le temps est un présent qui confère à la scène un caractère atemporel. Dans Crépuscule Apollinaire parvient implicitement à évoquer ses propres sentiments tout le long du poème et le mariage d'éléments contraires travaille la structure du poème. En effet, ce poème présente un monde fait de vie et de mort ; de jour et de nuit ; de lumière et d'ombre ; de grand et de petit ; de féminin et de masculin ; de jeunesse et de vieillesse Ce va-et-vient dialectique a pour contexte le déroulement d'une fête foraine qui se situe à mi-chemin entre la réalité et le rêve. [...]
[...] N'est-ce pas là une allusion faite au poète lui-même qui exprime la désillusion sentimentale, la bouffée de chagrin d'amour ? cependant, la carrure picturale de ces strophes n'est pas loin des baladins[12] de Picasso. Blême pourrait aussi donner à croire à un trac du charlatan crépusculaire[13] devant un public fantastique sorciers venus de Bohème, fées, enchanteurs fraîchement sorti des contes et par lesquels Apollinaire nous renvoie peut-être à l'un de ses recueils dont un des thèmes récurrents est le voyage. [...]
[...] D'autres membres de la troupe se manifestent. C'est une fin de parade où apparemment le poète se mesure à un nain. Grandit-il vraiment, voit-il son art s'affirmer, ou n'est-ce qu'aux yeux du nain qu'il est, par un effet de contre-plongée, un géant en fait dérisoire, Apollinaire se moquant donc finalement de lui-même. On peut aussi envisager, au contraire, qu'il veuille très sérieusement se présenter en poète moderne qui doit accepter le risque de perdre son public, son audience, dans cet hermétisme qui est celui de l'Hermès trismégiste. [...]
[...] N'est-ce pas là une allusion à Marie Laurencin et à Apollinaire lui-même ? Et puis, un arlequin et une arlequine sont des personnages d'un théâtre; c'est une allusion à une présence en commun d'Apollinaire et de Marie ou dans un domaine artistique commun (surréalisme, symbolisme, ) ou dans la réalité sentimentale, au vu et au su de tous. Le premier quatrain nous informe de l'arlequine. Sur une image de déception qu'enrichit un champ lexical décourageant (ombres, morts, s'exténue), elle se mire après avoir mis à nu son corps. [...]
[...] Cours S2UE1 Celui de la peintre (Marie) Celle du poète Qui pourrait aller de l'union artistique (la peintre et le poète) jusqu'à celle amoureuse, voire charnelle Par la composition versifiée La rupture annoncée entre eux ? Peint dans les années 1905 L'autre appellation donnée à l'arlequin blême Sexuel et fantasmatique de l'amour Rappelons que Apollinaire est talentueux en matière de sexe vulgaire que son poème en est bien maculé et qu'il est à l'époque dans les circonstances conjointes de la publication des onze mille verges et la rencontre de Marie (1907) Apollinaire Cette peinture par les mots évoque un penchant de la peintre aux couleurs suaves André Durand, présentant Alcools Ibid. [...]
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