Maupassant dans son premier roman Une Vie, publié en feuilleton en 1883 dans l'ancien quotidien "Gil Blas", nous annonce dès le titre qu'il va raconter l'histoire ordinaire et sans prétention d'une femme de son époque, celle de Jeanne. Dans ce passage, elle découvre que son mari Julien a une liaison adultère avec sa soeur de lait Rosalie. Comment l'auteur fait-il de ce passage le sommet dramatique du roman ? Nous verrons tout d'abord qu'il décrit de façon réaliste sa fuite désespérée, puis qu'il y associe un paysage état d'âme sombre.
I) La fuite désespérée de Jeanne :
a) La fuite :
Nous suivons les étapes de la fuite de Jeanne. Elle part du domaine des "Peuples" pour prendre "la grande allée", "le bosquet", "le fossé" et "la lande" (l.5).
Dans sa course, Jeanne avance : elle « courait » (l. 3), « allait vite » l.8) mais elle chute : «ses jambes nues entraient parfois jusqu'aux genoux » (l. 1) dans la neige », « elle s'accroupit » (l.9). Les quatre propositions de la phrase ligne 5 reproduisent le rythme effréné de cette course à laquelle seule "la falaise" (l.9) met un terme. Cette interruption brutale est marquée par les deux adverbes "soudain" (l.8) et "net" (l.9).
Jeanne fuit parce qu'elle sait qu'elle est maintenant à un moment clé de sa vie : tout ce sur quoi sa vie est basée - ses relations conjugales avec Julien et de maîtresse à servante avec Rosalie - s'écroule et avec elle, la confiance. Elle doit faire le deuil de ses illusions, de son passé, de ses espoirs (...)
[...] L'hiver, saison à laquelle a lieu la scène, est aussi celui du coeur et de l'âme de Jeanne. Le champ lexical de l'obscurité - "pas de lune" "le noir du ciel" - accentue l'hostilité de l'atmosphère. La nature paraît indifférente à la tragédie qui se joue dans la vie de la protagoniste, Jeanne n'y trouve aucun réconfort. Au contraire, il existe une correspondance entre le paysage et l'état-d'âme de Jeanne "elle courait, blanche comme la terre" (l.3-4) de "la plaine" (l.6) dont la "blancheur terne" (l.7) rappelle celle de l'héroïne. Les couleurs sont absentes. [...]
[...] après un passage où elle est restée "inerte" (l.12), la répétition du verbe "trembler" (l.12-13) accentue le degré élevé de sa crise de tremblement (l.12-13) provoquée par un véritable choc émotionnel. la comparaison comme une voile qu'agite le vent (l.13) prouve que Jeanne ne peut rien contrôler. Elle ne maitrise plus son corps comme le souligne le rythme ternaire de l'expression "ses bras, ses mains, ses pieds" (l.13) associés au participe passé "secoués" (l.13). Une chose paraît sûre : en se dirigeant inéluctablement vers le précipice, le gouffre, c'est vers la mort qu'elle court. [...]
[...] Nous verrons tout d'abord qu'il décrit de façon réaliste sa fuite désespérée, puis qu'il y associe un paysage état d'âme sombre. La fuite désespérée de Jeanne: La fuite: Nous suivons les étapes de la fuite de Jeanne. Elle part du domaine des "Peuples" pour prendre "la grande allée", "le bosquet", "le fossé" et "la lande" (l.5). Dans sa course, Jeanne avance : elle courait (l. allait vite l.8) mais elle chute : «ses jambes nues entraient parfois jusqu'aux genoux (l. [...]
[...] dans la neige elle s'accroupit (l.9). Les quatre propositions de la phrase ligne 5 reproduisent le rythme effréné de cette course à laquelle seule "la falaise" (l.9) met un terme. Cette interruption brutale est marquée par les deux adverbes "soudain" (l.8) et "net" (l.9). Jeanne fuit parce qu'elle sait qu'elle est maintenant à un moment clé de sa vie : tout ce sur quoi sa vie est basée - ses relations conjugales avec Julien et de maîtresse à servante avec Rosalie - s'écroule et avec elle, la confiance. [...]
[...] "des visions anciennes passèrent devant ses yeux" (l.16) : la réminiscence d'événements marquants d'une vie est assez souvent le signe de sa fin. Et en effet, l'auteur clôt le passage en nous livrant au travers d'un discours indirect libre la pensée intime de l'héroïne qui envisage de mourir (l. 20). Conclusion: Ce passage est le plus dramatique du roman car on y voit Jeanne fuir désespérément une réalité trop insupportable: la découverte de l'infidélité de son mari. Il inscrit cette fuite dans un paysage état-d'âme avec une nature hivernale et sombre qui semble annoncer une mort prochaine de l'héroïne. [...]
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