Dans le chapitre X, qui se situe dans la dernière partie du roman, le comte de Fourville vient d'apprendre de l'abbé Tolbiac, un prêtre fanatique, que sa femme Gilberte le trompait avec Julien, le mari de Jeanne. Le comte furieux part à leur recherche.
La relation de cette traque et de ce double meurtre est rendue originale par l'utilisation constante des analogies.
Nous verrons que l'auteur narre avec vivacité le déroulement de ce crime passionnel, puis nous analyserons cette pulsion qui anime le comte et le portrait dramatique de son attitude animale.
I - La relation dynamique d'un crime passionnel :
A. Le cadre du crime : L'action se situe « un jour de mai », mais « par un grand coup de vent ». Dans ce roman, les situations dramatiques semblent aller avec un climat maussade et violent : « Les grains, qui se succédaient. » Cela est favorable à l'action du comte, ce que confirme la question oratoire au discours direct : « - Que pouvait-on craindre par cette tempête? » Comme le lieu est isolé, « cabane solitaire », il peut agir an toute tranquillité. Seul le « mendiant » est témoin de la scène, décrite au passé, mais il n'a vu que la roulotte « passer sur sa tête ». (...)
[...] Puis, arrivant au rebord du dernier ravin, elle bondit en décrivant une courbe, et, tombant au fond, s'y creva comme un œuf. Commentaire : Guy de Maupassant (1850-1893) fut un disciple de Flaubert et participa au Groupe de Médan. Romancier réaliste et auteur de nombreuses nouvelles fantastiques, il publie son roman Une Vie, au titre assez impersonnel, en 1883. L'intrigue relate les désillusions de Jeanne, une jeune femme noble, sensible et bonne qui a été élevée dans un couvent avant d'être mariée à un homme rustre et égoïste, dont elle doit subir les infidélités. [...]
[...] Les chevaux, l'ayant vu, s'agitaient. Il coupa lentement leurs brides avec son couteau qu'il tenait ouvert à la main; et une bourrasque étant survenue, les animaux s'enfuirent harcelés par la grêle qui cinglait le toit penché de la maison de bois, la faisant trembler sur ses roues. Le comte alors, redressé sur ses genoux, colla son œil au bas de la porte, et regarda dedans. Il ne bougeait plus; il semblait attendre. Un temps assez long s'écoula; et tout à coup il se releva, fangeux de la tête aux pieds. [...]
[...] Guy de Maupassant (1850-1893), Une Vie Extrait du chapitre X : le double meurtre. Les grains, qui se succédaient, fouettaient le visage du comte, trempaient ses joues et ses moustaches où l'eau glissait, emplissait de bruit ses oreilles et son cœur de tumulte. Là-bas, devant lui, le val de Vaucottes ouvrait sa gorge profonde. Rien jusque-là qu'une hutte de berger auprès d'un parc à moutons vide. Deux chevaux étaient attachés aux brancards de la maison roulante. - Que pouvait- on craindre par cette tempête? [...]
[...] II - Une pulsion et la métaphore animale : A. Un homme méconnaissable : le texte fait comprendre clairement que le comte n'est pas dans un état habituel. Son portrait n'est pas celui d'un homme de cette condition. Il prend ici un caractère sauvage : ainsi il est trempé, trempaient ses joues et ses moustaches sale, fangeux de la tête aux pieds souillé de boue Le premier paragraphe traduit la passion et la colère qui l'animent, par des images : Les grains [ ] emplissaient de bruit ses oreilles et son cœur de tumulte. [...]
[...] Il n'y a pas de demi-mesure dans ce roman. Enfin on peut noter que l'auteur relate ici un fait divers, fictif bien entendu, mais le fait divers est très présent dans la littérature romanesque du XIXe siècle. Conclusion Cet extrait s'apparente à un dénouement où les coupables sont punis impitoyablement, et inscrit ce récit dans le malheur et le drame. Il s'agit ainsi d'un fait divers assez banal, un crime passionnel vraisemblable, mais l'auteur lui donne, grâce aux nombreuses images, une sorte de légitimité, des circonstances atténuantes. [...]
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