Ce poème est issu de son célèbre recueil Les Fleurs du Mal, où Baudelaire annonce les traits les plus marquants de la poésie moderne : il supprime la plupart des conventions poétiques de l'époque pour créer une poésie renouvelée. C'est le cas d'Une charogne, qui aborde le thème de l'horreur et montre que celle-ci peut être esthétique. Dans ce poème de forme irrégulière, l'auteur décrit un cadavre en décomposition de façon réaliste et tente de trouver dans l'horreur engendrée une nouvelle esthétique poétique (...)
[...] Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Une charogne ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Charles Baudelaire est un poète français du 19ème siècle. Il est perçu comme n'ayant réussi à écrire que dans la souffrance, la passion, le dégoût et la haine. Si romantique vrai, il n'a parlé que de lui-même dans tout ce qu'il a écrit, il a aussi lucidement cherché à maîtriser les puissances de l'art, que son regard aigu de critique professionnel est parvenu à saisir. Prodigieusement doué pour la souffrance et pour la solitude, il écrit Une charogne en 1857. [...]
[...] L'alternance de vers hétérométriques (alexandrins- octosyllabes) provoque un rythme marqué, saccadé et répétitif. Les rimes sont très variées, pratiquement différentes à chaque strophe, alors que les conventions poétiques prévoient cinq rimes différentes seulement. On note également de nombreux rejets, comme par exemple : - vers 13-14 : la carcasse superbe / Comme une fleur s'épanouir - vers 15-16 : que sur l'herbe / Vous crûtes vous évanouir. Enfin, la ponctuation très présente et variée participe à l'anticonformisme de ce poème : point virgule, deux points, points d'exclamation. [...]
[...] - la comparaison à la nature : Le vers 14, Comme une fleur s'épanouir, présente le cadavre comme un élément naturel et favorise sa perception esthétique. Ceci tient au fait que la nature bénéficie en poésie d'une image positive, étant en général liée à la liberté, à la beauté, à la sérénité et au bonheur. - l'évocation de l'horreur elle-même : C'est principalement par là que Baudelaire a voulu faire naître une esthétique nouvelle. Pour lui, la beauté peut surgir de la banalité et même de la laideur ; un poème ne tient pas uniquement son esthétique de la noblesse de son thème. [...]
[...] Cet abord se confirme par le titre même du recueil dont est issu ce poème, Les fleurs du mal. Le terme fleur représente la beauté, la poésie, tandis que le terme mal désigne l'horreur, la vulgarité : ainsi, tout thème trivial peut servir de sujet à un poème. Ici, la beauté dans la laideur peut par exemple naître du procédé qui paraît donner vie à la charogne, même s'il engendre le dégoût. Les mouvements qui semblent animer la charogne paraissent esthétiques : descendait, montait comme une vague (vers s'élançait en pétillant (vers comme l'eau courante et le vent (vers le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique / Agite et tourne dans son van (vers 27- 28). [...]
[...] En effet, les thèmes privilégiés en poésie classique sont plutôt l'amour, l'expression des sentiments du poète, et le registre est souvent lyrique. Ici, l'amour est bien évoqué, mais il est mis en parallèle avec la charogne comme le montre le vers final, mes amours décomposés ! La description de la charogne et les références à la mort sont utilisées par le poète pour courtiser une femme : - vous serez semblable à cette ordure / À cette horrible infection (vers 37-38) - Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine / Qui vous mangera de baisers (vers 45-46). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture