Littérature, Place de la femme dans la société, Marie Darrieussecq, Truismes, nourriture, prise de conscience, métamorphose, transformation, animalité et humanité, isotopie du corps, part inconsciente, visions d'abattoir, société déshumanisée
La place de la femme dans la société est une question qui traverse les époques. En 1996, l'auteure française Marie Darrieussecq publie son court roman intitulé Truismes et permet de réfléchir à la manière dont on voit la femme dans la société actuelle. Ce récit relate l'histoire d'une protagoniste, dont on ne connaît pas le nom. Celle-ci est également la narratrice de son histoire. En effet, elle explique que cet ouvrage provient de tout ce qu'elle a écrit dans : « [s]on cahier » (p.148). Elle résume sa vie, marquée par plusieurs épisodes de transformation. En effet, alors qu'elle travaille dans une parfumerie, dont les employées doivent se prostituer auprès des clients, sa métamorphose en truie débute. Peu à peu, sa peau s'épaissit et rosit. La protagoniste, très naïve, ne comprend pas qu'elle se transforme en cochonne.
[...] Effectivement, lorsqu'elle dit : « c'est le pire cauchemar que j'ai jamais fait de ma vie » (p.55), on comprend qu'elle se voile la face sur sa propre situation. Pourtant, la métamorphose n'est refusée qu'en « apparence ». La protagoniste semble, inconsciemment, comprendre ce qui lui arrive, notamment puisqu'elle dit : « J'ai vu ce que je ne voulais pas voir » (p.55). Mais aussi parce que le sang apparaît dans ses rêves : « je rêvais de sang toutes les nuits » (p.53). L'animalité qui sommeille en elle apparaît donc dans ses rêves. La part inconsciente d'elle sait ce qui se joue. I. [...]
[...] D'abord, on trouve un parallélisme de structure dans les termes : « corps » (p.54), « hanches » (p.54), « reins » (p.54), « tête » (p.54), reins » (p.55), « hanches » (p.55), « corps » (p.55). On a un effet de « zoom ». On part du corps, en général, pour finir par s'intéresser aux reins. L'angle de vue s'amoindrit ensuite, on passe, à l'inverse, des reins au corps en général. Cependant, ces premiers termes sont propres aux hommes, contrairement aux suivants : « poils » (p.52), « la peau de mon dos était rouge et velue » (p.55), « taches grisâtres » (p.55), « derrière » (p.55), « mamelle » (p.55) . que l'on attribue le plus généralement aux animaux. [...]
[...] Or, ce dégoût est également présent chez Honoré son conjoint : « Honoré a plissé les yeux de dégoût » (p.51). Mais c'est elle qui le dégoûte. Enfin, le lecteur est également dégoûté. La surabondance de nourriture et des rejets de la part de la protagoniste sont répugnants : « vomi » (p.51), « vomi » (p.52). Les symptômes de la protagoniste sont ceux d'une grossesse, comme cela est souvent mentionné dans le livre. Pourtant, cette fois, elle donne métaphoriquement naissance à sa métamorphose. En effet, on comprend que la protagoniste est bel et bien en train de se métamorphoser en truie. [...]
[...] Une transformation en apparence refusée A. Opposition entre animalité et humanité L'animal en lequel la protagoniste se métamorphose n'est jamais clairement mentionné. Cette non-précision, ainsi que son nom, qu'on ne connaît pas, restreint son humanité. Malgré cela, la protagoniste tente de garder une part humaine. Or, celle-ci s'oppose à son animalité comme on peut le voir : « la vue du sang m'a pétrifiée » (p.52) s'oppose à « je rêvais de sang » (p.53). On voit s'opposer inconsciemment l'humanité, déjà peu présente auparavant, de la protagoniste ; limitée par son animalité, jusque-là refoulée. [...]
[...] Elle ne peut plus manger de nourriture humaine. On le comprend grâce au champ lexical de la charcuterie : « jambon », « pâté », « saucisson », « salami » « rillettes » (p.51). Les termes utilisés tournent tous autour de la viande porcine. On peut percevoir, en creux, une première prise de conscience de la part de la protagoniste. Elle ne le comprend pas encore, mais elle ne peut plus manger de porc puisque c'est l'animal qu'elle représente, désormais. Ce changement de régime alimentaire et cette répulsion envers la viande porcine nous prouvent qu'elle est bel et bien en train de se métamorphoser. [...]
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