En janvier 1762, Rousseau rédige quatre lettres à l'attention de Monsieur de Malesherbes, président de la Librairie, qui seront considérées par la suite comme l'ébauche et le sommaire des Confessions. Ces lettres constituent en effet une sorte d'autobiographie thématique où se manifeste pour la première fois le besoin de Rousseau d'effectuer des recherches sur lui-même. Il y évoque les causes de sa mélancolie (première lettre), l'illumination qui le saisit à la lecture d'un Mercure de France en 1749 (deuxième lettre), le bien-être que lui procure la vie simple de la campagne (troisième lettre) et enfin son amour de la solitude (quatrième lettre) (...)
[...] Conclusion : A travers cette lettre adressée à Monsieur de Malesherbes, Rousseau repousse les limites de la correspondance traditionnelle. Il lui confère un caractère autobiographique en s'impliquant personnellement dans son récit et expose à travers elle ses propres idéaux sociaux et religieux. Cette lettre se rapproche par bien des aspects d'autres ouvrages de Rousseau : de L'Emile pour sa définition de la religion naturelle de la Nouvelle Héloïse pour sa représentation d'une société idéale, des Rêveries du promeneur solitaire pour le goût de la solitude et l'exaltation de la nature, et enfin les Confessions pour son caractère autobiographique. [...]
[...] III/ L'aspect religieux L'intuition religieuse de Rousseau La description de la nature entraîne peu à peu Rousseau vers des réflexions à propos de la religion, à propos de l'Être incompréhensible qui embrasse tout (l.39). Pour Rousseau, la croyance religieuse naît d'une intuition, de la reconnaissance de Dieu à travers ses œuvres. Il se proclame chrétien mais rejette tous les dogmes car il n'y a pas, pour lui, d'intermédiaires entre les hommes et Dieu, ce dernier étant accessible par les voies du cœur, indépendamment des livres sacrés et de l'Église. [...]
[...] Le projet des Confessions s'esquisse donc dans ces Lettres, où se manifeste pour la première fois le besoin anxieux de s'expliquer et de se justifier qui ne cessera plus de hanter Rousseau jusqu'à la fin de sa vie en 1778. [...]
[...] Cette lettre dépasse également la simple correspondance privée. En effet, elle semble être une réponse directe à ses contemporains qui ne comprennent pas sa volonté d'isolement. Aux philosophes qui lui reprochent sa "trahison", c'est-à-dire son retrait critique à l'égard de l'entreprise encyclopédique, Rousseau répond que " c'est quelque chose que de donner l'exemple aux hommes de la vie qu'ils devraient tous mener ".Tout comme il le fera plus tard au travers de ses Confessions et de ses Rêveries, Rousseau entreprend ici son entreprise d'introspection. [...]
[...] Rousseau se détache ici de la religion catholique en réfutant les paroles divines. La création imaginaire Sa retraite à l'Ermitage est une véritable source d'inspiration pour Rousseau, dont l'imagination est grandement développée par l'espace et la solitude, qui ne fixent aucune limite à ses pensées. Il imagine alors une vie idéale, loin de la perversion humaine : je m'en formais une société charmante, dont je ne me sentais pas indigne ; je me faisais un siècle d'or à ma fantaisie En effet, les douloureux paradoxes de la pensée de Rousseau (bonheur à l'état de nature mais caractère inévitable du progrès) ne peuvent se résoudre que par un appel à l'imagination et au rêve. [...]
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