Cet extrait s'apparente à un récit merveilleux pour plusieurs raisons : il traite d'abord de la vie d'une société modèle. Nous pouvons relever des repères spatiaux qui ne renseignent pas précisément sur le lieu de l'action mais nous renvoient à un ailleurs qu'on ne peut localiser : « temple » l.1, « prairies » l.10 et « pays heureux » l.34. De même, les repères temporels ne permettent pas de dater l'histoire mais renseignent sur le déroulement chronologique de l'existence des Troglodytes (...)
[...] En outre, l'auteur utilise plusieurs arguments en faveur des Troglodytes : - les Troglodytes sont heureux parce qu'ils demandent à leurs dieux le bonheur de ceux qui les entourent et respectent des valeurs essentielles ; ils ne demandent pas de biens matériels pour eux-mêmes (1er paragraphe). - Ils vivent ensemble et ne connaissent pas la propriété individuelle (l.10-11, 34-37). - Ils se contentent de joies simples (l.12-32). - Ils travaillent durement (l.10-11, 37-38). - La nature est donc généreuse avec eux (l.33-34). [...]
[...] - La pérennité : inévitable l.23, ne jamais l.32. On remarque l'emploi d'un vocabulaire mélioratif qui contribue à cette impression de vie idéale. La composition du texte fait apparaître trois paragraphes sensiblement égaux qui expliquent certains aspects de cette société : la religion est le thème du premier paragraphe, le second détaille la soirée d'un Troglodyte, et le dernier évoque la générosité (de la nature et du peuple : le Troglodyte vit dans un environnement à son image, en parfaite harmonie avec la nature). [...]
[...] Enfin Montesquieu compare, dans le second paragraphe, le malheur des premiers Troglodytes au bonheur des nouveaux Troglodytes, grâce à une succession d'antithèses : injustices l.13 s'opposant à vertu l.15, malheurs l.15 à félicité »l.18, colère inévitable l.23 à faveurs toujours présentes l.20-21, ceux qui ne les craignent pas l.23-25 à hommes qui les implorent l.21-22. Ces premiers Troglodytes ressemblent étrangement aux Européens, qui ont perdu naturel. Conclusion : Derrière la vie d'une société modèle se profile la référence à la société du XVIII° siècle. Les Troglodytes vivent heureux et prospères parce qu'ils sont vertueux : pour Montesquieu, il n'y a pas de vie sociale possible sans vertu morale. Cet épisode annonce directement L'Esprit des Lois : la liberté ne peut subsister sans vertu civique et morale. [...]
[...] On note la proximité temporelle des événements racontés par Usbek et de la date de publication de l'oeuvre de Montesquieu : Les Lettres Persanes est un roman publié en 1721 ; or la lettre d'Usbek est datée de 1712 De fait, il semble que l'intention véritable de Montesquieu soit de critiquer le peu de vertus de ses contemporains. Ainsi l'énonciation est prise en charge par un narrateur, Usbek, comme le prouve la mention de la date et du lieu de l'écriture. [...]
[...] Deux Persans voyagent en Europe et rapportent leurs impressions : c'est l'occasion pour Montesquieu de critiquer les mœurs de ses contemporains et le fonctionnement de leurs institutions. Au cours de la lettre 12, Usbek raconte l'histoire d'un peuple imaginaire, les Troglodytes. Sous l'apparence d'une fable ou d'une histoire merveilleuse se cache l'intention critique du philosophe Les caractéristiques de la fable : Cet extrait s'apparente à un récit merveilleux pour plusieurs raisons : il traite d'abord de la vie d'une société modèle. [...]
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