Tristan et Yseut, vers 875-988, Béroul, histoire d’amour, colère de l’époux trompé
Le manuscrit de Béroul relate le début des amours de Tristan et Yseut : tourmentés par le désir de se rejoindre, ils doivent déjouer les soupçons du roi Marc éveillés par d'envieux barons. Les amants échappent à plusieurs pièges, souvent par la ruse, mais le roi étant convaincu d'adultère, ils sont condamnés au bûcher. Il s'agit d'un épisode important dans la mesure où se dessine ici de manière nuancée la conception du héros prêt à mentir, certes, mais aussi à affronter la mort.
[...] Dans ce récit très impressionniste, nous ignorons tout du moteur dramatique. Quelle est la confiance que Tristan place en Dieu ? Croit-il aux miracles en entrant dans la chapelle ou pense-t-il au suicide ? Comment Gouvernal a-t-il l'idée de venir sur la plage où est tombé Tristan ? L'auteur fixe par touches expressives le comportement de ses personnages, entretenant ainsi le suspense du roman. [...]
[...] Une douloureuse histoire d'amour L'épisode met en évidence l'intensité de l'amour réciproque de Tristan et Yseut en même temps que la colère de l'époux trompé. L'amour réciproque de Tristan et Yseut L'amour rime avec la mort : cette allitération est à la fois bien connue et fondatrice du mythe courtois. L'absorption du philtre est un acte quasi suicidaire : leur bonheur est vécu par référence à la mort. Les cris, les pleurs, les douleurs qui rendent presque fous les personnages sont en quelque sorte une contrepartie des grandes félicités. [...]
[...] 917), avec une grande précision des repères spatiaux (allusion à l'abside, au chœur de la chapelle, au vitrail derrière l'autel) qui permettent d'attirer l'attention du lecteur et de présenter les éléments qui serviront à Tristan : dramatisation de la scène (la tension monte) et fonction symbolique de la description (aridité de la végétation qui symbolise la mort et le pourpre du vitrail renvoie à la passion). L'arrière-plan religieux Les desseins de Dieu semblent aussi secrets que la mort du personnage : Dieu refuse la mort du pécheur. Plusieurs questions se posent : pourquoi Dieu ne les punit pas ? - Est-ce parce que le supplice est ignominieux ou parce que la justice humaine ne peut se substituer à la justice divine ? [...]
[...] Tristan cherche à apitoyer les membres de l'escorte, il se dit prêt à mourir (v. 930) et plein de repentir (notamment au vers 937) La conception du héros qui se dessine ici est nuancée : Tristan n'hésite pas à mentir en feignant le bon chrétien mais psychologiquement il reste un vrai héros : il préfère la mort à la honte (v. 946) et Dieu le protège pour lui permettre de délivrer Yseut du bûcher. Gouvernal Gouvernal est un double presque magique de Tristan (adjuvant extrait des légendes celtiques). [...]
[...] Si Tristan ne semble pas affecté, Yseut pleure d'abord pour ce détail-ci : quel dommage que vous soyez lié honteusement (v. 904-905). Chacun est prêt à donner sa mort pour l'autre, surtout Yseut, car elle sait qu'elle serait ensuite vengée par Tristan. La colère de Marc Tristan est coupable doublement : - En trompant sa famille, son oncle - En trompant son souverain et de fait le lien vassalique Yseut au contraire ne rompt que les liens du mariage (bien que ceux-ci soient sacrés) Mais la colère de Marc est à la mesure de son amour pour Yseut mais aussi pour Tristan qui sauve son royaume et appartient à sa famille. [...]
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