La plupart du temps, le texte est à la 3ème personne : le sujet des verbes étant "le prisonnier", "le maître du prisonnier", sa femme ou sa fille, le texte paraît plus objectif dans sa présentation : il s'agit bien d'une description, qui met les principaux acteurs de la cérémonie au centre. Toutefois on remarque la présence de la 1ère personne : au singulier quand Thevet s'implique dans sa description ("J'ai autrefois devisé", avec la parenthèse qui suit immédiatement "(pour plaisir)"), ou montre bien quand il organise le déroulement du texte avec le pluriel de l'impératif "Or retournons à ce massacre", qui emporte le lecteur avec lui (...)
[...] Plusieurs propositions participiales assurent la cohérence du déroulement temporel : dès la première phrase, mais aussi Le prisonnier mort Le corps ainsi mis par pièces ; et l'incise comme nous avons dit renforce la cohérence d'ensemble. - A l'intérieur de cette organisation chronologique, Thevet a soin de présenter les actions de tous les protagonistes : ainsi le 3 apporte les précisions sur les femmes et les filles prisonnières de guerre, le 4 parle du maître du prisonnier et du bourreau, le 5 détaille le devenir du cadavre : son sang, ses entrailles, sa tête. [...]
[...] Thevet cherche donc à être le plus complet possible. - Les lieux sont précisés pour chaque étape de la cérémonie : jardins et zones de pêche pour les femmes qui peuvent aller et venir, place publique pour l'exécution, les logettes la maison du bourreau. Qualités de la description : - La description sait être précise, et multiplie les expansions nominales : le prisonnier est couché au lit, bien enferré de fers bien lié et garrotté de cordes de coton les assistants ont de belles plumes de diverses couleurs le bourreau a une épée de bois aussi richement étoffée de divers plumages ; une relative précise ce qu'est le cahouïn Tout doit permettre la représentation dans l'esprit du lecteur et sa compréhension. [...]
[...] Les Cannibales et ceux du côté de la rivière de Marignan sont encore plus cruels aux Espagnols, les faisant mourir plus cruellement sans comparaison, et puis les mangent. Il ne se trouve par les histoires aucune nation, tant soit- elle barbare, qui ait usé de si excessive cruauté sinon que Josèphe écrit que, quand les Romains allèrent en Jérusalem, la famine, après avoir tout mangé, contraignit les mères de tuer leurs enfants, et d'en manger. Et les Anthropophages, qui sont peuples de Scythie, vivent de chair humaine comme ceux-ci [10]. [...]
[...] Chacun rapporte pour son trophée la tête de l'ennemi qu'il a tué, et l'attache à l'entrée de son logis. Après avoir long temps bien traité leurs prisonniers, et de toutes les commodités, dont ils se peuvent aviser, celui qui en est le maître, fait une grande assemblée de ses connaissances. Il attache une corde à l'un des bras du prisonnier, par le bout de laquelle il le tient, éloigné de quelques pas, de peur d'en être offencé, et donne au plus cher de ses amis, l'autre bras à tenir de même ; et eux deux en présence de toute l'assemblée l'assomment à coups d'épée. [...]
[...] Commentaire des Singularités de la France antarctique, extrait du chapitre XXXVIII, d'André Thevet (1557) : Cérémonie anthropophage TEXTE : Ce prisonnier ayant été bien nourri et engraissé, ils le feront mourir, estimant cela pour un grand honneur. Et pour la solennité de tel massacre, ils appelleront leurs amis les plus lointains, pour y assister, et en manger leur part. Le jour du massacre il sera couché au lit, bien enferré de fers (dont les chrétiens leur ont donné l'usage chantant tout le jour et la nuit telles chansons : Les Margageas nos amis sont gens de bien, forts et puissants en guerre, ils ont pris et mangé grand nombre de nos ennemis, aussi me mangeront-ils quelque jour, quand il leur plaira ; mais de moi, j'ai tué et mangé des parents et amis de celui qui me tient prisonnier avec plusieurs semblables paroles. [...]
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