Le tour d'écrou, Henry James, incipit, Griffin, Douglas, commentaire
La mise en abyme narrative permet de discerner quatre époques :
- Celle de la narration identifiée par des indices de temps « veille de noël » (l.4), « plus tard dans la soirée » (l.15), « le soir-même » (l.21). Elle correspond à la période où a vécu Henri James pendant laquelle les bourgeois avaient pour habitude se raconter des histoires la veille de noël.
- (...)
[...] Une fausse piste Lorsque Douglas annonce le futur récit, il nous mène sur une fausse piste dans la mesure où comme les auditrices nous pensons qu'il va porter sur une intrigue amoureuse ou qu'elle fera tout au moins partie de l'histoire. Le champ lexical de l'amour est très présent : tapota le cœur (l.71), elle me plaisait extrêmement (l.90 moi aussi je lui plaisais (l.91/92), amoureuse 117). Le portrait qu'il brosse de cette gouvernante est aussi très élogieux, il s'appuie sur des superlatifs extrêmement charmante (l.79/80), la plus agréable des femmes (l.82) et une hyperbole digne de n'importe quelle autre condition (l.83). Sa conversation est valorisée par des adjectifs laudatifs belle et intelligente (l.89) rehaussés par l'adverbe d'intensité terriblement (l.89). [...]
[...] La seconde histoire est insipide, elle est simplement jugée pas particulièrement impressionnante (l.17/18). Le public est alors désenchanté et d'autant plus prêt pour une nouvelle histoire. La troisième qualifiée d' horrible (l.35), d' épouvantable d' épouvante (l.44/45), d' effrayant(e) (l.96) surpasse les autres en laideur, et horreur et douleur troublantes et générales (l.48/49). B. Un public impatient Son impact est énorme, car basée sur une histoire vraie et ancienne, elle met en scène deux enfants (l.28), sorte de surenchère par rapport à la toute première histoire. [...]
[...] Conclusion : Ce début de nouvelle remplit sa fonction informative en nous plongeant dans un lieu et plusieurs époques. De plus, les personnages, auditoire averti et impatient, nous poussent nous-mêmes à vouloir en savoir plus sur l'histoire à venir. Enfin, l'intrigue nous est annoncée par un système de narration complexe qui nous mène sur une fausse piste en contribuant ainsi à nous déstabiliser et à toucher du doigt la tonalité fantastique de la nouvelle. Henry James pique notre curiosité comme les personnages-auditeurs, mais nous devenons comme Douglas autrement dit des lecteurs-conteurs de l'histoire de la préceptrice. [...]
[...] C'est un public averti auquel l'histoire sait répondre à leur désir d'angoisse comme le stipule la succession de termes évoquant le fantastique : macabre étrange apparition vision d'épouvante la chose (l.13), spectre (l.23) Le protagoniste fait aussi beaucoup à l'intérêt de l'histoire et à la peur qu'elle suscite : il s'agit en effet d' un enfant (l.7, l26/27, l.27)), d ' un petit garçon (l.10,24) à un âge ( ) tendre (l.24/25). L'effet sur le public est saisissant, le premier narrateur parle de terreur (l.11), une histoire à la touche singulière (l. 25) qui les avait tenus suffisamment en haleine (l.1/2). [...]
[...] Cela dénote une curiosité morbide. Les auditeurs donnent des signes d'impatience : ils s'offusquèrent du retard (l.63), je l'adjurai (l.64), oh je ne peux pas attendre l'histoire (l.119). Le public est très attentif (l. 76/77), et décidé à connaître la suite comme le suggère le futur de certitude tout le monde restera (l.114) et l'anaphore moi je resterai (l.115). III. III Un récit déroutant A. Un système de narration complexe : plusieurs voix Le récit entremêle un narrateur et plusieurs conteurs. [...]
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