Le Torrent et la Rivière met en scène un homme fuyant devant des voleurs. Il traverse successivement un torrent tumultueux avec aisance et une rivière d'apparence paisible où il sombre. Cet exemple-type de la fable présente la simplicité du récit tel qu'il existait dans l'Antiquité (...)
[...] Le Torrent et la Rivière Recueil : II, parution en 1678. Livre : VIII. Fable : 23, composée de 25 vers. Avec grand bruit et grand fracas Un Torrent tombait des montagnes : Tout fuyait devant lui ; l'horreur suivait ses pas ; Il faisait trembler les campagnes Nul voyageur n'osait passer Une barrière si puissante : Un seul vit des voleurs, et se sentant presser, Il mit entre eux et lui cette onde menaçante. Ce n'était que menace et bruit sans profondeur : 10 Notre homme enfin n'eut que la peur. [...]
[...] L'accumulation finale d'octosyllabes accélère le débit de la lecture. Cette structure assez simple, sans complexité, est l'image somme toute d'une morale assez simple : les apparences sont trompeuses. II- La dénonciation des apparences trompeuses Une thématique morale fréquente au 17ème siècle Pour comprendre la dénonciation de l'auteur, il faut replacer le texte dans le contexte de son époque d'écriture : la cour du Roi soleil, l'ostentation de Versailles, le faste et le luxe des vêtements et des apparats, les fêtes À cet égard, La Fontaine a toujours revendiqué sa nature épicurienne, se contentant de ce qu'il avait et rejetant le superflu : il privilégiait l'être au paraître. [...]
[...] Une fois de plus, La Fontaine s'inspire de réalités politiques de son temps. Mais il traite les personnages à la manière de La Bruyère. Ce sont des caractères au sens ou l'auteur des portraits considère le vantard (le Torrent) ou le doucereux hypocrite (la Rivière). Le Torrent et la Rivière met en scène un homme fuyant devant des voleurs. Il traverse successivement un torrent tumultueux avec aisance et une rivière d'apparence paisible où il sombre. Cet exemple-type de la fable présente la simplicité du récit tel qu'il existait dans l'Antiquité. [...]
[...] On individualise ainsi : -vers 1 à 10 : le torrent -vers 11 à 17 : la rivière -vers 18 à 23 : la noyade du protagoniste dans la rivière -vers 24 à 25 : morale. L'art du récit dominé par la ponctuation Cette fable s'individualise des autres car sa structure est assez plate, tendue vers un aboutissement et ne présentant pas de figures de rhétorique, habituelles chez l'auteur, notamment de circonvolutions ou de prolepses. Ce qui ressort du texte est l'emploi d'une ponctuation judicieuse : - les points : ils délimitent les parties évoquées dans le paragraphe précédent : .vers 1 à 10 : trois phrases .vers 11 à 17 : deux phrases .vers 18 à 23 : une seule .vers 24 et 25 : la morale est constituée de deux vers qui sont également isolés de la dernière partie par un blanc typographique. [...]
[...] Tout comme le sujet qu'elle dénonce, elle utilise le même effet trompe-l'œil pour arriver à une morale opposée, qui dit qu'une personne qui fait beaucoup de bruit est moins dangereuse qu'une personne silencieuse, faisant donc intervenir des apparences trompeuses pour justifier sa dénonciation. III- Un archétype de la fable antique Une structure narrative rudimentaire Les éléments de cette fable sont simples et peu nombreux : un torrent et une rivière constituent les seuls décors de l'action. Aucun autre élément n'est communiqué. Les personnages n'ont aucune profondeur, aucune dimension intérieure. On ne sait rien d'eux, de leurs personnalités ou de leurs motivations. [...]
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