Commentaire composé d'un extrait de La mort à Venise de Thomas Mann. On s'intéressera à la nature prophétique de l'extrait en analysant sa matière textuelle.
[...] Le voyage initiatique Sujet : commentaire composé de La mort à Venise de Thomas Mann, de Qui n'aurait pas eu à combattre un frisson fugitif à traverse l'île jusqu'à la plage Le récit de La mort à Venise met en scène le lent voyage initiatique vers le désir et la mort de l'écrivain Aschenbach. C'est lors d'une mystérieuse rencontre avec un homme à la physionomie singulière que l'artiste entreprend son périple dans la cité des eaux pour fuir l'aridité et le difficile labeur de son travail créateur. [...]
[...] ( ) Et a-t-on remarqué que le siège d'une telle barque, ce fauteuil capitonné ( ) est le siège le plus mou, le plus voluptueux, le plus amollissant du monde ? associées à l'usage de pronoms indéfinis et de superlatifs hyperboliques montrent une identification du narrateur pour son héros en accentuant l'effort de justification du conflit intérieur d'Aschenbach. Le narrateur comprend son héros, dans le sens étymologique de prendre en soi et justifie son attitude. Mais l'utilisation à deux reprises de l'adjectif substantivé le voyageur à la fin de la traversée pour désigner Aschenbach, l'autocritique ironique du narrateur pour son héros qui lui- même en est devenu dépourvue comme en témoigne le syntagme dépréciatif : Une paresse ensorcelante semblait émaner de son siège montrent la mise à distance des actes de l'écrivain de la pensée de Mann qui garde lui, la discipline apollinienne de nous retranscrire objectivement l'abandon dionysiaque d'Aschenbach. [...]
[...] A travers le regard d'Aschenbach se révèle un portrait ambivalent de Venise mettant en exergue le conflit intérieur tourmentant l'écrivain. En effet, avant son arrivée dans la cité des Doges, Aschenbach voulait fuir son labeur d'artiste, la discipline qu'il s'impose et qui l'épuise. De fait, la perception ambiguë qu'il a de Venise nous signale que c'est un homme du passé qui pénètre dans les eaux tortueuses vénitiennes, un homme en proie à des interrogations sur sa conception éthique de l'existence que la cité lui renvoie comme dans un miroir. [...]
[...] Autrement dit, en quoi ce passage est-il le commencement d'un lent voyage initiatique vers la tentation dionysiaque, se concluant par la mort logique de l'artiste ? Ce passage ouvrant véritablement le récit nous présente un paysage vécu de l'intérieur, un témoignage du stream of consciousness de l'écrivain mettant en exergue son conflit intérieur d'ordre éthique et existentiel. Nous verrons ensuite que cette traversée exprime l'abandon du poète à la tentation dionysiaque préfigurant, ce que nous analyserons dans la troisième partie, le destin tragique de l'écrivain symboliquement annoncé par cette traversée funèbre. [...]
[...] Mais cet extrait mettant en évidence ce conflit intérieur, préfigure déjà la victoire de Dionysos sur Apollon. La traversée de Venise met en scène la mort de l'ancien moi d'Aschenbach, marqué par la rigueur et la discipline, pour un nouveau moi ne désirant que le désir et le plaisir des sens. Tout d'abord, cet abandon à la tentation dionysiaque est exprimé par le relâchement du vouloir de l'écrivain traduisant sa perte de pouvoir sur lui-même et son épanchement à une existence contemplative. [...]
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