Probablement écrite vers le milieu du XIe siècle en Normandie, par un clerc normand ou anglo-normand (attribuée à un chanoine de Rouen, Thibaut de Vernon), la Vie de saint Alexis a une portée considérable. S'inspirant d'un modèle en prose latine, ce poème retrace les actes d'un ascète du IVe siècle, saint Alexis. Jamais encore le français n'avait produit un poème aussi long (625 vers ou en 125 laisses – quintains – de décasyllabes assonancés), à la versification aussi élaborée et à la technique aussi maîtrisée.
Elle conte l'histoire d'Alexis, fils unique, longtemps désiré, d'un riche patricien romain, Euphémien. Après avoir été bien « garni de lettres », il entre au service de l'empereur, et son père le marie à la fille d'un autre seigneur romain. Alexis a consenti ou semble consentir. Mais son cœur est tout à Dieu et, au soir de ses noces, resté seul avec l'épousée, il lui dit le néant de la vie mortelle.
[...] Cette légende a ses origines au Ve siècle en Syrie, mais le saint ne reçoit son nom et son histoire sa forme définitive que dans un récit grec du IXe siècle, qui fera l'objet de plusieurs adaptations en latin. L'une d'elles voit le jour à Rome vers la fin du Xe siècle, à l'époque où le métropolite de Damas Serge, en exil dans la ville sainte, acclimate en Occident le culte du saint. C'est cette version qui est à la source du poème français. La Vie de saint Alexis inaugure la littérature française en langue d'oïl, employant un certain nombre de procédés lyriques et narratifs dont la chanson de geste fera son profit. [...]
[...] Son poing fermé retient la charte de parchemin et nul ne peut l'en retirer. Mais le pape Innocent approche, et la main s'ouvre. Alors, le père d'Alexis, sa mère, sa femme le reconnaissent, et tandis que les miracles éclatent autour du corps saint, leur tendre lamentation s'élève Alors, un message céleste ordonne au pape de retrouver et d'honorer le saint homme par qui la cité peut être sauvée du péril qui la menace. Les parents et la femme de saint Alexis se lamentent sur l'abandon et l'ignorance dans lesquels il les a laissés pendant si longtemps. [...]
[...] S'inspirant d'un modèle en prose latine, ce poème retrace les actes d'un ascète du IV siècle, saint Alexis. Jamais encore le français n'avait produit un poème aussi long (625 vers ou en 125 laisses quintains de décasyllabes assonancés), à la versification aussi élaborée et à la technique aussi maîtrisée. Elle conte l'histoire d'Alexis, fils unique, longtemps désiré, d'un riche patricien romain, Euphémien. Après avoir été bien garni de lettres il entre au service de l'empereur, et son père le marie à la fille d'un autre seigneur romain. [...]
[...] Les strophes que nous avons retenues racontent la vie que mène incognito Alexis dans la maison de ses parents : Soz le degrét ou il gist sur sa nate, Sous l'escalier où il gît sur sa natte, Iluec paist l'um del relef de la tabla. Là on le nourrit des reliefs de la table. A grant poverte deduit sun grant parage ; A grande pauvreté se réduit son haut rang ; Ço ne volt il que sa mere le sacet : cela, il ne veut pas que sa mère le sache : Plus aimet Deu que [tres]tut sun linage. [...]
[...] Ne s'en corucet giens cil saintismes hom, /Ce très saint homme ne s'en courrouce en rien, Ainz priet Deu quet il le lur parduinst mais il prie Dieu de le leur pardonner Par sa mercit, quer ne sevent que funt. Dans sa miséricorde, car ils ne savent pas ce Qu'ils font. La littérature hagiographique ne disparaît pas au cours des XIIe et XIIIe siècles, bien au contraire : on se lasse pas de refaire des poèmes sur les mêmes saints, et les plus grands écrivains médiévaux ne dédaignent pas d´exercer leur talent dans la «Vie de saint : c´est le cas de Rutebeuf, avec la Vie de sainte Marie l´Égyptienne. [...]
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