1. La force de l'argumentation de Zola tient d'abord à l'emploi d'un raisonnement par analogie (= raisonnement qui repose sur une comparaison et pose une similitude de rapport entre deux couples de réalités : A est à B ce que C est à D). Pour réfuter l'accusation d'indécence, il fait en effet un parallèle entre son oeuvre et la médecine (l.57-58) et son travail et celui du peintre, qui représente des nus : "L'humanité des modèles disparaissait comme elle disparaît aux yeux de l'artiste qui a une femme nue vautrée devant lui, et qui songe uniquement à mettre cette femme sur sa toile dans la vérité de ses formes et de ses colorations." (l.71-75) (...)
[...] Il emploie une sorte de concession procédé qui consiste à accepter une partie de l'argumentation adverse pour mieux réfuter tout le reste) en reprenant des reproches qui lui ont été adressés par le critique littéraire Hippolyte Taine et en reconnaissant que son œuvre n'est pas exempte de défauts, parmi lesquels : il a choisi un cas extrême plutôt que d'être fidèle à la majorité des situations : Thérèse Raquin est l'étude d'un cas trop exceptionnel ; le drame de la vie moderne est plus souple, moins enfermé dans l'horreur et la folie. (l.169172) il est rentré très loin dans les détails, ce qui a contribué à accentuer la noirceur de l'œuvre : Le désir de ne rien perdre de ces observations a poussé l'auteur à mettre chaque détail en avant, ce qui a donné encore plus de tension et d'âpreté à l'ensemble. [...]
[...] Ce défaut est sans doute le moins convaincant parmi ces trois que reprend à son compte Zola, tant son œuvre se lit facilement Il pique l'orgueil des lecteurs en distinguant les lecteurs éclairés des lecteurs bornés et idiots qui ne comprennent pas son œuvre et en les invitant à se reconnaître dans les bons lecteurs qui apprécient le roman : je réclame le pardon des gens d'intelligence, qui n'ont pas besoin, pour voir clair, qu'on leur allume une lanterne en plein jour. (l.194196) Il reproche d'abord à la majorité des critiques de ne pas avoir compris son œuvre : pas un des pudiques journalistes qui ont rougi en lisant Thérèse Raquin ne me paraît avoir compris ce roman. (l.18-19), ne comprenant rien (l.134). Il va même plus loin en les accusant ensuite d'être des idiots comme le prouvent les diverses occurrences du champ lexical de la bêtise : niaiseries (l.112), inintelligence (l.122), horizon borné (l.123), sottise (l.135), bêtement (l.139-140). [...]
[...] Comme une conséquence des remarques précédentes faisant le lien entre la littérature et l'expérimentation scientifique sur la nature, Zola, à la fin de sa préface revendique son appartenance à un groupe d'auteurs qu'il nomme le groupe d'écrivains naturalistes (l.189). Zola évoque ce groupe en utilisant des termes laudatifs : Le groupe d'écrivains naturalistes auquel j'ai l'honneur d'appartenir a assez de courage et d'activité pour produire des œuvres fortes, portant en elles leur défense. L'argument est celui de l'originalité, de la nouveauté Pourquoi l'argumentation de Zola est-elle habile et comment emporte-t-elle l'adhésion ? 1. [...]
[...] (l.47-50) étudier les conséquences du milieu sur les personnages : l'étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances. (l.155-157) Pour étayer cette idée d'une expérience scientifique, Zola a recours à une terminologie qui relève de la physiologie : j'ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères (l.28-29), nerfs (l.30), sang (l.31), instinct (l.35), détraquements cérébraux (l.35), crise nerveuse (l.36), désordre organique (l.41), rébellion du système nerveux (l.41-42), étude d'un curieux cas de physiologie (l.51-52), l'analyse du mécanisme humain (l.68), l'étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances. [...]
[...] Selon Zola, quel principal reproche la critique a-t-elle formulé à l'encontre de l'œuvre ? L'œuvre a été perçue comme immorale et indécente, comme l'indique clairement Zola à la ligne 100 avec l'expression le reproche d'immoralité Ce reproche est développé tout au long de la préface par la forte présence du champ lexical de la saleté (physique et morale) : ordure puanteur (l.12), peinture de tableaux obscènes (l.62), flaque de boue et de sang, d'égout, d'immondice (l.76-77), étaler des pornographies (l.83), égoutier littéraire (l.90), poignée de boue (l.98), les saletés (l.104), littérature putride (l.188) Par quels différents arguments Zola répond-il à ces attaques ? [...]
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