La plupart de ses romans siègent au coeur de cette province bourgeoise où, souvent, les personnages hypocrites vivent confinés dans leur caste, attachés à leurs biens, ignorant leur étroitesse d'esprit, trop obnubilés par les valeurs à préserver. Dans ce contexte provincial, la femme est souvent victime, délaissée par son mari, esclave de ses sentiments. Elle est alors gouvernée par ses passions qui l'entraînent jusqu'à la conquête de la liberté. Publié en 1924, Thérèse Desqueyroux est l'un de ces romans, roman du conformisme et de l'enfermement. C'est l'histoire d'une femme qui, mue par ses désirs, à l'instar d'une Emma Bovary, va de l'enfermement spirituel, la prostration, jusqu'à la poursuite de son destin (...)
[...] T E X T E [Thérèse Desqueyroux vient de sortir libre du tribunal, après qu'a été prononcé un non-lieu. Elle était en effet soupçonnée d'avoir tenté d'empoisonner son mari Bernard. Elle s'apprête à regagner le domicile et à retrouver cet époux qu'elle a cessé d'aimer depuis longtemps. Elle repense au temps qui a précédé le mariage.] Bernard, Bernard, comment t'introduire dans ce monde confus, toi qui appartiens à la race aveugle, à la race implacable des simples ? Mais, songe Thérèse, dès les premiers mots il m'interrompra : "Pourquoi m'avez-vous épousé ? [...]
[...] Enfin, il faut bien passer sur quelque chose. Et puis, vous me croirez si 15 vous voulez : elle est plus riche que nous. C'est incroyable mais c'est comme ça. Et en adoration devant Bernard, ce qui ne gâte rien. Oui, elle avait été en adoration devant lui : aucune attitude qui demandât moins d'effort. Dans le salon d'Argelouse ou sous les chênes au bord du champ, elle n'avait qu'à lever vers lui ses yeux que c'était sa science d'emplir de candeur 20 amoureuse. [...]
[...] De plus, les actions se répètent : répétait à tout venant (ligne lui répétait sa mère (ligne 21). Enfin, l'existence d'un présent de l'énonciation dans les paroles rapportées accroît la confusion temporelle. L'angoisse d'un univers familial étouffant Ce passage manifeste l'importance de la famille. Ainsi, les liens de parenté sont rappelés et les personnages ont un regard sur les autres membres de la famille : Anne et sa mère regardent Thérèse et Bernard et se permettent un conseil (Ne joue pas avec elle, ligne 20). [...]
[...] Publié en 1924, Thérèse Desqueyroux est l'un de ses romans, roman du conformisme et de l'enfermement. C'est l'histoire d'une femme qui mue par ses désirs, à l'instar d'une Emma Bovary, va de l'enfermement spirituel, la prostration, jusqu'à la poursuite de son destin. La complexité d'un monologue intérieur La focalisation de l'extrait sur le personnage de Thérèse Dans cet extrait, les personnages mentionnés (Bernard, ligne 1 ; Mme Victor de La Trave, ligne 5 ; la grand-mère Bellade, ligne 10 ; le père, ligne 12 ; Anne, ligne 24) se définissent par leurs liens familiaux avec Thérèse : mari, belle-mère, grand-mère, père et belle-sœur, qu'il s'agisse de sa famille ou de sa belle-famille. [...]
[...] Les préjugés de Mme de La Trave font de Thérèse une femme inquiétante. Certes elle a de la fortune (elle est plus riche que nous, ligne mais elle a des manières différentes (Elle n'a pas nos principes, ligne et est issue d'un milieu laïque (c'est un saint laïque, ligne 13). Cependant, il convient de noter que le mariage de Thérèse et de Bernard n'est pas sans arranger Mme Victor de La Trave, car le père de Thérèse a le bras long (ligne 13) et quand on a besoin de relation, il faut bien passer sur quelque chose (ligne 14) et oublier qu'il pense mal (ligne 12). [...]
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