Théoda, S. Corinna Bille, éléments du drame, extrait, littérature, passage, roman homodiégétique, roman, auteur, narratrice, désenchantement, interprétation, Commentaire d'oeuvre, subjectivité, personnage
Dans le roman homodiégétique, de S. Corinna Bille, Théoda, publié en 1944, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la narratrice, Marceline, raconte un amour interdit qui conduit à un meurtre. La jeune fille, qui a alors sept ans au moment où se déroulent les faits, témoigne ainsi de ce qu'elle a pu observer. Elle raconte notamment les premiers moments du mariage de son frère Barnabé et de sa femme Théoda. Les deux personnes, loin de vivre une idylle, semblent plongés très rapidement dans une vie conjugale fade et monotone, subie plus que choisie.
[...] Le mariage ne serait réduit qu'à un réconfort physique. Nous constatons donc que le mariage n'est pas dépeint de manière idéalisée. Le tableau réaliste que fait la narratrice du mariage souligne une forme de désillusion et désenchantement. Cette fresque semble annoncer de nombreux malheurs. Le passage, en raison du cadre réaliste et mélancolique, semble contenir de nombreux éléments annonciateurs de malheurs à venir. Il prépare les rebondissements dramatiques qui bouleverseront la vie des deux jeunes gens et celle du village. [...]
[...] Cependant, la laideur de son mari pourrait constituer un prétexte à une éventuelle tromperie : «Je vis qu'il était laid et j'eus honte de lui.» (l.43) Ce commentaire de Marceline peut orienter le point de vue du lecteur qui s'attend peut-être à la naissance d'une relation adultère de Théoda. La narratrice dépeint avec réalisme et finesse la psychologie de jeunes femmes mal mariées. De manière générale, elle met en évidence la fadeur et la tristesse de l'existence de jeunes gens. Le passage est baigné d'une atmosphère monotone et quelque peu mélancolique. [...]
[...] La narratrice insiste sur sa posture de témoin, de spectatrice. Elle se met en scène comme un personnage qui assiste à une scène dont elle rend compte aux lecteurs qui n'ont pas pu être présents. Ainsi à l'ouverture du passage, elle déclare «je n'ai conservé aucun souvenir» (l.1) : le terme de «souvenir» convient pour mettre en évidence le processus de remémoration. N'oublions pas qu'une adulte se rappelle des événements vécus alors qu'elle était enfant, il y a donc un effort pour se rappeler des événements très anciens. [...]
[...] Elle perçoit ainsi une forme de malaise qui se met en place. La fadeur et la tristesse envahissent progressivement l'ensemble de la scène. L'environnement lui-même contribue à accentuer l'atmosphère monotone et triste. Nous sommes loin de l'idéalisation du cadre naturel. Nous aurions pu avoir la description d'un locus amoenus avec cette image de la nature ombragée qu'évoque le poirier. L'évocation de la nature aurait pu être l'occasion d'un développement bucolique d'amours idylliques, mais il n'en est rien. Au contraire, la narratrice dépeint une nature campagnarde aride où sont mis en scène de simples paysans dans une activité prosaïque qui n'a rien de reluisant. [...]
[...] Ainsi n'hésite-t-elle pas à marcher dans le fumier. Nous pouvons clairement nous imaginer la scène où apparaît un contraste entre la blancheur de la robe évoquant la pureté, l'innocence et la couleur sombre de la saleté, qui entre en opposition avec l'idée du mariage. L'antithèse entre les couleurs et les valeurs qu'elle connote met en évidence l'échec de ce mariage. La jeune femme semble prise d'un accès de folie comme l'indique son attitude: «un rire dans la bouche» (l.13). A contrario, Théoda est caractérisée par son calme, sa discrétion. [...]
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