Le mot « amour-propre » existe seulement depuis le XVIe siècle.
Ainsi dans Les Maximes de La Rochefoucauld, l'amour-propre est le personnage principal… et unique.
Dans Les Caractères, La Bruyère met aussi l'amour-propre au centre de sa pensée.
Marivaux reprend et prolonge les analyses de ces moralistes en leur donnant une double forme, analytique dans Les Journaux, dramatique dans son théâtre.
On observera d'abord dans La Double Inconstance et dans Le Jeu de l'amour et du hasard l'omniprésence de l'amour-propre, et la manière dont il se diversifie selon les conditions sociales des personnages.
[...] Dans La Double Inconstance, de même que dans La seconde surprise de l'amour, où le chevalier et la marquise s'aiment sous couverture d'amitié, Arlequin croit n'éprouver pour Flaminia que de l'amitié. Flaminia l'explique bien (Acte III, scène : Comme il ne m'appelle encore que sa chère amie, il vit sur la bonne foi de ce nom qu'il me donne, et prend toujours de l'amitié à bon compte. De cette mauvaise foi, Marivaux tire de nombreux effets comiques. Ainsi, Arlequin propose à Silvia une partie carrée : mettons encore Flaminia, elle se soucie de nous, et nous serons partie carrée. [...]
[...] (Acte scène - Et les villageoises sont dans le même panier. Certes, Silvia est moins maniérée que les femmes de la cour : Je ne parais rien, je suis toute d'une pièce auprès d'elles, je demeure là, je ne vais ni ne viens ; au lieu qu'elles, elles sont d'une humeur joyeuse, elles ont des yeux qui caressent tout le monde (Acte II, scène Cependant, Silvia aussi est coquette à sa manière. Sa coquetterie est moins visible, mais n'en est pas moins réelle ; cette question l révèle : Par-dessus le marché, cette fidélité-là n'est-elle pas mon charme ? [...]
[...] Il tire de multiples effets de l'amour-propre de ses personnages, suscitant ainsi le rire des spectateurs. Dans certains cas, l'amour-propre peut être évident. C'est par exemple le cas lorsque Flaminia dit à Lisette : Tu es jolie aujourd'hui et que Lisette répond avec une tranquille certitude : Je le sais. Dans ce cas, le comique est très marqué et tourne presque au burlesque L'amour-propre camouflé Mais la plupart du temps, l'amour-propre est plus secret, et le personnage essaie de le cacher : il se ment à lui-même autant qu'il ment aux autres. [...]
[...] Nous verrons en effet que, dans La Double inconstance et Le Jeu de l'amour et du hasard, l'amour-propre prend selon les personnages des formes très diverses, certaines légitimes, d'autres illégitimes. Car pour Marivaux l'amour-propre n'est pas forcément mauvais. À travers l'étude de différentes sortes d'amour-propre, Marivaux explore différentes catégories d'êtres humains à l'amour-propre différent Amour-propre féminin On peut opposer tout d'abord l'amour-propre des femmes, plus développé que celui des hommes (cf. la remarque de Mario : Cela, c'est l'amour- propre d'une femme, et il est tout au plus uni. [...]
[...] Le thème de l'amour-propre dans La Double Inconstance et dans Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux Introduction Le mot amour-propre existe seulement depuis le XVIe siècle. Ce sont les moralistes du XVIIe siècle qui ont développé la notion. Ainsi dans Les Maximes de La Rochefoucauld, l'amour-propre est le personnage principal et unique. Pour La Rochefoucauld, l'amour-propre est un principe actif qui anime les relations humaines, car l'amour-propre se propose toujours quelque chose à gagner Dans Les Caractères, La Bruyère met aussi l'amour-propre au centre de sa pensée. [...]
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