Ce document est un commentaire de texte complet et entièrement rédigé qui porte sur un extrait du roman "Le Dernier Jour d'un condamné" de Victor Hugo, publié en 1829.
L'extrait à l'étude porte sur la description par le narrateur de la scène de ferrage de forçats auxquels toute forme d'humanité est enlevée, notamment à travers la double thématique de la pluie et du bruit qui témoignent de la souffrance subie.
Dans un premier temps, il s'agira de constater que l'extrait commenté s'apparente à une scène de spectacle du registre tragique. Nous verrons, dans un second temps, dans quelle mesure cette scène sert à dénoncer à la fois l'humiliation et la violence subie par les forçats déshumanisés.
[...] A travers cet extrait, l'auteur dénonce également la violence subie par les forçats. Il insiste ainsi sur la violence du geste des geôliers et sur la fragilité des forçats avec la comparaison des crânes des galériens à « une coquille noix » (ligne 32). Le champ lexical des armes utilisés témoigne de cette violence. Ainsi les forgerons de la chiourme sont « armés d'enclumes portatives » (ligne 28) et frappent « à grands coups de masses de fer » (ligne 29). [...]
[...] Cette phrase montre notamment que cette cérémonie semble inévitable, immuable. Le narrateur, qui s'est vu proposé par un geôlier d'assister à ce « spectacle », utilise tout un champ lexical du spectacle comme l'illustrent les expressions : « les curieux de Paris » (ligne « je regardai avec terreur » (ligne 36) ou « orchestre » (ligne 48). L'utilisation du pronom indéfini « on », répété à de très nombreuses reprises laisse imaginer les spectateurs qui assistent au spectacle tragique. [...]
[...] De nouveau la description des forçats qui « grelottaient », de leurs dents qui « claquaient » ou de leurs genoux noueux qui « s'entrechoquaient » (lignes 13-14) illustre la faiblesse des corps et la difficulté de résilience des forçats face à ce que leurs geôliers leur font subir. L'auteur a d'ailleurs recours à un vocabulaire qui montre la « déshumanisation » des galériens. Ainsi, les 2 expressions « tous ces profils sinistres » et « les cinq cordons » pour désigner les forçats montrent à quel point ils perdent leur identité au fur et à mesure de la description de la scène. Les forçats sont « ruisselants » de la même manière que les payés sont « noyés ». [...]
[...] Enfin, peut- être le tragique apparaît-il également dans la comparaison avec une cérémonie présidée par le diable – le « sabbat ». Se mêlent ainsi la notion de « fête » et « d'enfer », dans une forme d'antithèse : « ils chantaient une chanson du bagne » « sur un air tantôt plaintif, tantôt furieux et gai » avec des « cris grêles, des éclats de rire déchirés et haletants » et des « acclamations furibondes » (lignes 45-46-47). [...]
[...] A la lecture de cette description, le lecteur ne peut que visualiser le spectacle tragique qui se joue devant les yeux du narrateur. Pour autant que la scène décrite se rapproche d'une scène de spectacle, force est de reconnaître que c'est un spectacle tragique qui se joue sous les yeux du narrateur. Par ce registre tragique, Victor Hugo cherche à émouvoir, à tirer les sentiments face à l'horreur de la scène de ferrage des forçats. La thématique de la pluie et celle du bruit contribuent toutes les deux au tragique de l'extrait. [...]
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