Point d'optique André Gide Préface de Cromwell
Contrairement aux autres genres littéraires, la spécificité du théâtre est de pouvoir être réellement vu. Il est, comme le déclare Victor Hugo "un point d'optique. Tout ce qui existe dans le monde, dans l'histoire, dans la vie, dans l'homme, tout doit et peut s'y réfléchir, mais sous la baguette magique de l'art" (Préface de Cromwell). Le théâtre est donc assimilé à un miroir : c'est la métaphore classique du reflet, qui peut laisser penser qu'Hugo prône la reproduction fidèle du réel. On retrouve cette métaphore du miroir relative aux Misérables, dans la préface des Contemplations, qui décrit l'oeuvre comme "ce drame au fond duquel est un sombre miroir de la misère". Or Hugo soutient également qu'à ce "réalisme" est associée une part de magie, de fiction, faisant intervenir ses lois pour assurer l'effet escompté de la représentation théâtrale.
Le théâtre est-il alors fiction, réalité, ou un subtil dosage entre les deux ? Que nous révèle cette citation concernant la fonction qui lui est assignée ?
[...] Il "réfléchit la nature", mais "sous la baguette magique de l'art", c'est-à-dire en lui conférant cohérence et intensité. C'est ce besoin simultané d'objectivité et de subjectivité, de proximité et de distance, de balancement entre vraisemblance et imagination, qui caractérise les relations entre l'histoire, l'expérience vécue et la fiction dans le drame romantique, et plus particulièrement dans la création hugolienne. Il délaisse la reproduction mimétique de la réalité, et la représente tantôt à la manière de la tragédie, tantôt à la manière de la comédie. [...]
[...] Ruy Blas, de fait, remplit ce programme d'ouverture à tous les aspects de la vie et de l'homme. Don Guritan, par exemple, est présenté sous forme cynique à l'acte IV, puis sur le mode de la fantaisie à l'acte mais apparaît aussi plus tempéré par une compassion attendrie pour la Reine à l'acte II. Hugo met ici très bien à exécution la doctrine du mélange des genres. Il stylise la réalité tantôt à la manière de la tragédie, tantôt à la manière de la comédie. [...]
[...] C'est alors que se manifeste le plaisir de la contemplation artistique : "Le plaisir de la tragédie procède de ce que nous savons bien que c'est une fiction ; ou, pour mieux dire, l'illusion sans cesse détruite renaît sans cesse. Si nous arrivions à croire à un moment les meurtres et les trahisons réels, ils cesseraient à l'instant de nous causer du plaisir" (Stendhal, Racine et Shakespeare). D'ailleurs, par une sorte de paradoxe, l'hyper-réalisme casse l'illusion, l'excès de reproduction mimétique a pour conséquence d'irréaliser la copie. [...]
[...] Sensorielle par le fait qu'il reçoit les informations, les trie, choisit ce qui l'intéresse, reçoit des chocs esthétiques et reconstruit des tableaux. Emotionnelle, parce qu'il reçoit les sentiments montrés par l'acteur, leur répond par la réaction appropriée. Enfin, intellectuellement, il comprend ce qu'il voit en relation avec son univers propre et également celui de son temps. Cette dernière caractéristique a été largement exploitée par le mouvement romantique. En quoi la citation de Hugo fait-elle écho aux idéaux du drame romantique ? [...]
[...] Tout ce qui existe dans le monde, dans l'histoire, dans la vie, dans l'homme, tout doit et peut s'y réfléchir, mais sous la baguette magique de l'art" (Préface de Cromwell). Le théâtre est donc assimilé à un miroir : c'est la métaphore classique du reflet, qui peut laisser penser qu'Hugo prône la reproduction fidèle du réel. On retrouve cette métaphore du miroir relative aux Misérables, dans la préface des Contemplations, qui décrit l'œuvre comme "ce drame au fond duquel est un sombre miroir de la misère". [...]
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