Le théâtre
Rabelais écrit dans l'Avis au lecteur de Gargantua (1534) que « le rire est le propre de l'homme », mais peuttêtre aurait-il pu écrire encore plus justement « le propre des hommes », pour mieux marquer que ce phénomène complexe qu'est le rire (pourquoi rit-on ? de qui ? de quoi ?) est avant tout un phénomène social: on ne rit pas seul mais en groupe. C'est pourquoi le théâtre, divertissement social et collectif par excellence, accorde depuis la plus haute
Commentaire rédigé sur le théâtre. Approuvé par un professeur de français de seconde
[...] Certainement pas: ce serait nier cette ambiguïté que portent souvent en eux les vrais personnages. [3. La fonction morale, satirique, philosophique du rire] Par-delà cette fonction dramatique, le comique peut servir les intentions de satire sociale de l'auteur ou ses desseins moraux et même son propos philosophique. Le théâtre est une tribune à partir de laquelle l'auteur et son metteur en scène peuvent attaquer avec véhémence des personnes ou des institutions en les ridiculisant. Molière, dans Tartuffe, met en scène un faux dévot qui menace de ruiner toute une famille. [...]
[...] Le rire nous permet de les reconnaître, peut-être même de les exorciser. Au terme de cette réflexion, nous percevons mieux les diverses fonctions du comique qui ne vise pas le seul divertissement mais peut devenir un ressort de l'action et dans certains cas une arme efficace. Le Nom de la rose (1980), de l'écrivain italien Umberto Eco, se présente comme un roman policier médiéval dans un couvent, mais c'est aussi une sorte d'apologue qui illustre le pouvoir du rire et l'horreur qu'il suscite chez ceux qui préfèrent voir l'homme asservi par l'angoisse plutôt que libre de ses choix. [...]
[...] Le langage même de ces pantins est également source d'un comique gratuit. Géronte, dans Les Fourberies de Scapin, ne sait que répéter: Mais qu'allait-il donc faire dans cette galère? Monsieur Jourdain rabâche des sons vides de sens et les mots sans suite logique du Professeur dans La Leçon de Ionesco sont tout aussi absurdes Papillon, Eurêka, Trafalgar, papi, papa sans que les personnages qui les prononcent aient conscience de leur ridicule ; et c'est précisément de cela que nous rions, de cette supériorité que nous pensons avoir sur eux, forts de notre conviction d'être des gens raisonnables, adaptés à la vie, et non des pantins mécaniques. [...]
[...] Le théâtre est-il fait pour être lu ou pour être vu ? Rabelais écrit dans l'Avis au lecteur de Gargantua (1534) que le rire est le propre de l'homme mais peuttêtre aurait-il pu écrire encore plus justement le propre des hommes pour mieux marquer que ce phénomène complexe qu'est le rire (pourquoi rit-on ? de qui ? de quoi est avant tout un phénomène social: on ne rit pas seul mais en groupe. C'est pourquoi le théâtre, divertissement social et collectif par excellence, accorde depuis la plus haute Antiquité - avec les comédies d'Aristophane par exemple - tant de place au comique. [...]
[...] Ces aspects comiques ne prennent toute leur dimension que sur la scène : c'est donc des choix du metteur en scène - atténuer ou accentuer les virtualités comiques contenues dans le texte - que dépend l'impact de la pièce; le metteur en scène - et l'acteur - sont, au sens fort, des Interprètes» de l'œuvre, au risque parfois de commettre des contresens volontaires. Que penser d'un Malade Imaginaire où Argan serait vraiment malade? Dans une mise en scène récente de Dom Juan, Sganarelle, au lieu d'être déguisé en médecin pour échapper avec Dom Juan à leurs poursuivants, est habillé en infirmière - perruque blonde, poitrine avantageuse et talons hauts: le spectateur reconnaît là une parodie et s'amuse du clin d'œil. [...]
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