Thomas Hardy écrit Tess d'Urberville en 1891. Le roman aborde différents aspects de la vie sociale de la fin du XIXème siècle dont principalement le statut de la femme à travers l'héroïne Tess. Le passage en question est l'excipit du récit : après avoir assassiné Alec d'Urberville sous le toit duquel elle vivait, Tess s'enfuit avec son époux légitime Angel Clare. Le mouvement de fuite s'interrompt instantanément lors de l'extrait final qui est l'ultime prémisse de la fin de la vie Tess.
[...] Tess a toujours le désir de faire partie d'une société qui la rejette continuellement. Le cadre singulier qu'est Stonehenge inspire l'inconnu et inspirant l'effroi fait de Tess une figure sacrificielle païenne allant au- delà de l'absolution chrétienne ultime. Cela indique le fait que Tess n'est pas en accord avec les règles en vigueur dans la société et doit disparaitre. En conclusion le texte, rythmé par les cycles et les éléments naturels donne à voir un processus dans lequel la perspective de la mort évolue par étapes. [...]
[...] Ce qui est inconnu fait peur et c'est le cas avec ce quelque chose qui rendait le ciel noir encore plus noir et qui alourdit l'atmosphère. Toutefois, peu à peu et en progressant à tâtons et simultanément avec le lecteur, Clare parvient à définir la nature de l'édifice mégalithique de Stonehenge et cela a un effet rassurant immédiat. Tess et Clare savent où ils sont, et ce, grâce au savoir érudit de ce dernier. L'endroit inquiétant devient presque familier, tout comme l'acceptation de la mort pour Tess qui affirme à la page 418 J'ai beaucoup de plaisir à être ici La découverte du cadre spatial alimente la gradation, participe au mouvement. [...]
[...] Plus tard mis en contraste avec le temple du soleil. Ce jeu de lumière clair/obscur n'est pas sans rappeler l'impressionnisme en peinture que Thomas Hardy aime à suggérer dans ses écrits. L'absence de lumière est un mauvais signe aux augures le néant donc la mort. La mort prochaine de la protagoniste est en fait rythmée par l'arrêt brutal de mouvement mis en parallèle avec l'intervention soudaine de l'obscurité. De plus, les prémisses de la mort sont également corroborées par l'arrivée symbolique des autorités à l'ouest où le soleil se couche. [...]
[...] En outre, Tess possède une conscience déterministe qui lui fait sentir que sa fin est imminente. En effet, elle refuse de poursuivre la marche et s'endort sur l'autel en pierre de Stonehenge. La pierre symbolise le calme et le repos. Elle fait des adieux marqués par l'utilisation du registre pathétique à Angel et lui fait part de sa dernière volonté qu'elle formule clairement à la page 419 : Oh Angel, je désire que vous l'épousiez, si vous me perdez, comme cela arrivera sous peu. [...]
[...] Ainsi, il est possible d'affirmer que cet excipit consacre l'ironie et le tragique qui caractérisent le roman tout entier. Toutefois, la mort s'avère envisagée dans une perspective libératrice et synonyme d'apaisement pour Tess. D'une part Tess meurt heureuse en femme accomplie l'accomplissement titre de la partie qui suggère que cette femme ne peut s'accomplir et trouver le répit que dans la mort. Ce répit est illustré par le sommeil et la fatigue brutale de Tess lorsqu'elle entre dans un état d'immobilisme à Stonehenge où commence une période d'attente et de sursis. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture