Agrippa d'Aubigné est un poète du XVIe siècle. Sa religion protestante le conduit à prendre les armes pour défendre ses coreligionnaires persécutés par les catholiques. Dans son oeuvre la plus célèbre, Les Tragiques, publiée dans la période baroque au début du XVIIe s. (1616) il peint la France déchirée par la guerre civile religieuse, les souffrances des martyrs mis à mort sur le bûcher ou dans des massacres (dont le plus grand fut celui de la Saint-Barthélémy). Dans sa dernière partie intitulée "Jugements" (Livre VII), il veut consoler ses frères protestants en leur montrant que les fidèles seront récompensés par Dieu et les méchants punis (...)
[...] Le choix de ce registre est particulièrement approprié à l'événement grandiose que constitue la fin des temps, et la résurrection des morts. TRANSITION : un autre procédé est particulièrement approprié à une évocation de ce genre : il s'agit de l'esthétique baroque, dont D'Aubigné est d'ailleurs un des grands représentants. III. [...]
[...] Dans sa dernière partie intitulée Jugements (livre VII), il veut consoler ses frères protestants en leur montrant que les fidèles seront récompensés par Dieu et les méchants punis. En s'inspirant d'un livre prophétique du Nouveau Testament, l'Apocalypse, qui présente les châtiments de la fin des temps et le Jugement Dernier de Dieu qui séparera les bons d'avec les méchants après une résurrection générale des morts, il imagine le moment de la résurrection des morts venu, et nous le décrit en direct comme s'il avait une vision prophétique. [...]
[...] Agrippa D'AUBIGNE, Les Tragiques (VII) : Jugement, v 661- La terre ouvre son sein NOTES la période : (l'espace de) temps à ce point : à ce moment accomplie : réalisée rehaussés : élevés chef : tête plonge : plongée asserrés : rassemblés Thulé : nom que les Anciens donnaient à une île au nord de l'Ecosse froiduleuse : glacée brins : éléments heureuse place : le poteau du bûcher est une place heureuse, puisque le martyre conduit au ciel ET Agrippa D'AUBIGNE, Les Tragiques (VII) : Jugement, v 661-684 La terre ouvre son sein LIRE L'INTRO A D'AUBIGNE P184 LITTERATURE TOME 1 ET P 186 INTRO : Agrippa d'Aubigné est un poète du XVIe siècle. Sa religion protestante le conduit à prendre les armes pour défendre ses coreligionnaires persécutés par les catholiques. Dans son œuvre la plus célèbre, les Tragiques, publiée dans la période baroque au début du XVII e s (1616) il peint la France déchirée par la guerre civile religieuse, les souffrances des martyrs mis à mort sur le bûcher ou dans des massacres (dont le plus grand fut celui de la Saint-Barthélémy). [...]
[...] C'est un thème de prédilection des baroques on observe même la mobilité d'éléments habituellement stables : terre, arbre, architecture (château) la prédilection pour les thèmes comportant une mobilité innée : eau, feu une composition éclatée et non rigoureuse (accumulation de visions sans classement possible) crée également un sentiment d'instabilité : le lecteur, assailli par les visions, a du mal à se faire une vision d'ensemble, et on a l'impression qu'il n'y a pas de limites à l'imagination on a également l'impression d'une accélération du mouvement par l'emploi -de l'adverbe promptement v 10, -et l'utilisation systématique du présent -ainsi que de très nombreux enjambements qui font glisser rapidement d'un vers à l'autre -même les sonorités contribuent à cette impression : allit en s du v 10 (citer à chaque fois) la ponctuation, elle aussi, contribue au sentiment d'instabilité et de désordre : -elle accélère ou ralentit tour à tour le rythme (au v elle est fréquente et semble marquer l'approche imminente du règne divin : accélération) ; les enjambements des vers 3 et 4 ralentissent à nouveau le rythme : l'Histoire s'arrête, une autre Histoire commence -elle déséquilibre souvent l'alexandrin en multipliant les coupes internes, parfois plus sensibles que la césure qui le coupe au milieu, entre les 2 hémistiches : cf les v 7 v v 13 3)enfin, un troisième procédé baroque est la surcharge qui crée un sentiment de démesure : abondance des pluriels nombreuses accumulations : des parties du corps dans l'ensemble du poème, des lieux dans un même vers les choix lexicaux : cf les verbes grouiller, bouillonner qui sous- entendent la multitude 4)l'argumentation baroque : le texte s'inscrit parfois explicitement tyrans déchirés dans le registre polémique qui accuse les catholiques d'avoir commis des horreurs, mais le plus souvent implicitement (la victoire posthume, càd après la mort des protestants, due à la justice divine, souligne leur état de victime durant la vie terrestre) le baroque étant principalement fondé sur l'émotion, le texte relève de la persuasion. NOUS SOMMES DONC EN FACE D'UN POEME PARTICULIEREMENT ORIGINAL, CARACTERISTIQUE D'UNE EPOQUE BOULEVERSEE, A LA FOI INTENSE. [...]
[...] LE REGISTRE EPIQUE L'univers entier est impliqué dans la résurrection. Cette universalité est marquée par : les innombrables pluriels et indéfinis qui produisent une sorte de généralisation pour définir les ressuscitants : pluriels : tombeaux, enterrés, visages adj et pronoms indéfinis : toutes, tous articles indéfinis : une poitrine, un bras, un nageur, un chef : gros plans à valeur de singulier collectif (repris par la suite par tous, les corps la diversité des lieux, leur éparpillement, crée un élargissement de la perspective à l'univers géographique entier diversité : nord-sud : Thulé, Afrique (qui s'opposent encore par leurs adj : brûlée, froiduleuse éparpillement : cf l'énumération au v 7 : pré, bois, champ et la reprise par un terme globalisant toutes places ; les adv ici et là la renaissance à la vie est si puissante qu'il y a un phénomène de contamination : on observe une animation des éléments naturels, qui prennent vie à leur tour -métaphore maternelle de la terre au v 5 -personnification des éléments naturels : l'arbre a un bras au v 11, et il sent (verbe répété au v 14 pour l'eau) les répétitions : nouveau, riant, sortir les allusions à deux camps en présence tyrans martyrs), et la victoire d'un camp (dans lequel se trouve le poète) sur l'autre : cf les sonorités grondantes et éclatantes du dernier vers : i >>l'ensemble de ces procédés donne au passage une ampleur considérable, qui est caractéristique de la tonalité épique. [...]
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