Cet article résume les enjeux de la thèse de Raphaël Baroni, La Tension narrative, et les problématiques de son dernier livre, L'Œuvre du temps.
André Petitat et lui ont étudié un modèle qui décrit les dynamiques interactionnelles fondamentales qui découlent des jeux de bascule, du caché et du montré, et des virtualités de la déformation imaginaire et de la transgression possible des normes, allant toujours à l'encontre de ceux qui ne voient dans les rapports sociaux qu'une reproduction permanente des normes. Petitat, partant des travaux de Simmel, ancre l'historicité dans la richesse des formes interactives liées aux virtualités du secret et du mensonge.
Il explique le mouvement irrépressible de l'Histoire par la faculté humaine à pouvoir mentir, à cacher, à tromper. Tous deux ont donc étudié ce modèle à travers un corpus de contes : en étudiant dans cet espace fascinant les dynamiques à l'œuvre et en en comprenant le déploiement temporel.
[...] Il se rend compte très vite que la mise en intrigue est justement ce basculement entre le secret et sa révélation, le mensonge et sa découverte. S'aidant des théories de Tomachevski, il comprend que la mise en intrigue dépend d'une communication qui manifeste une réticence intentionnelle, qui retarde stratégiquement le dévoilement d'une information essentielle afin d'intriguer un destinataire qui accepte généralement de se prêter au jeu de l'intrigant. Il constate aussi une différence entre le sens usuel d'intrigue (qui se rapprochent des termes de suspense, curiosité) et le sens que lui ont donné les théoriciens. [...]
[...] Baroni défend donc l'idée selon laquelle l'intrigue doit être le point de départ de la jouissance même du lecteur, son moyen, la finitude du texte et non sa finalité. Mais au fond, même dans les ouvrages d'après-guerre, on observe une sorte d'intrigue : c'est le fameux ce n'est plus l'écriture d'une aventure, mais l'aventure d'une écriture : c'est l'écriture en elle- même qui devient intrigante chez Butor ou Robe-Grillet, elle brouille le récit, joue sur la curiosité du lecteur. Baroni conclue en disant à l'instar de Butor que le roman est une forme particulière du récit, et qu'au moment où tous se demandent quel est le devenir des études littéraires, et, au fond, de la littérature en elle- même, la narrativité est omniprésente dans nos vies et elle est l'un des constituants essentiels de notre appréhension de la réalité La narratologie est un laboratoire du récit L'étude de la narrativité littéraire ( ) devrait ainsi nous permettre d'affronter quelques grands problèmes épistémologiques, éthiques, esthétiques et politiques de notre temps, et cela même si la littérature ne tient plus un rôle central dans le champ des productions culturelles. [...]
[...] La dynamique de l'intrigue est un dispositif stratégique qui a besoin d'une actualisation par un interprète, un lecteur. La présence d'une intrigue nous est révélée par une tension ressentie dans l'actualisation d'un récit Il y a donc une certaine forme de jeu qui se met en place ente l'intrigant et l'intrigué, entre l'auteur et le lecteur. Si ce dernier accepte de rentrer dans le jeu, c'est-à-dire, accepte de lire l'œuvre, l'intrigue est coordonnée par certaines règles d'usage : les effets poétiques se prolongent en effets esthétiques concrets (pendant la réception). [...]
[...] Le temps de l'intrigue, Raphaël Baroni Cet article résume les enjeux de la thèse de Raphaël Baroni, La Tension narrative, et les problématiques de son dernier livre, L'Œuvre du temps. André Petitat et lui ont étudié un modèle qui décrit les dynamiques interactionnelles fondamentales qui découlent des jeux de bascule, du caché et du montré, et des virtualités de la déformation imaginaire et de la transgression possible des normes, allant toujours à l'encontre de ceux qui ne voient dans les rapports sociaux qu'une reproduction permanente des normes. [...]
[...] Il essaye ensuite de comprendre pourquoi l'intrigue a si mauvaise réputation : il explique que c'est certainement parce qu'elle a longtemps été considérée comme commerciale (ce que Baroni avait déjà expliqué dans La valeur littéraire du suspense). Néanmoins, est-ce parce qu'elle intéresse le genre humain et qu'elle fait vendre qu'il faut la mépriser ? Dans l'immédiat après-guerre, les auteurs, Alain Robbe-Grillet notamment, prônent la désagrégation de l'intrigue, tentent un bouleversement de la chronologie. Le Nouveau Roman oublie tous les codes du récit, ils enlèvent l'action, les personnages, et la fabula. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture