"Fin de partie" est une pièce en un acte, de Samuel Beckett, créée en 1957. Elle met en scène quatre personnages: Hamm, un vieil homme aveugle qui ne peut pas se lever, Clov, son fils adoptif qui, lui, ne peut pas s'asseoir, et les parents de Hamm: Nagg et Nell, qui ont perdu leurs jambes et vivent dans des poubelles. Dans "Fin de partie", il y a cette notion de jeu, notamment entre Hamm et Clov : lequel des deux gagnera ? Clov restera-t-il jusqu'à la fin ? Tout semble être joué d'avance, d'où les notions d'immobilité et d'enfouissement très présentes. La majorité des personnages est donc immobile: Hamm ne peut quitter sa chaise tandis que ses parents ne peuvent pas quitter leur poubelle ; à personnages immobiles, action immobile: en effet, la pièce de Beckett est construite sur l'immobilité, ce qui est plutôt nouveau et osé dans le théâtre.
De fait, lorsque nous lisons "Fin de Partie" est le fait que le rythme des dialogues est largement ponctué de silences: « Hamm. - Tu vas fort (Un temps.) Ne reste pas là, tu me fais peur. » Ainsi, la parole met du temps à venir, il y a comme une réflexion plus ou moins longue entre les phrases ; mais la parole s'arrête souvent également, ponctuée par tous les « Un temps », presque omniprésents.
Ainsi, nous pouvons nous demander comment Beckett met en scène l'immobilité dans Fin de partie . Nous verrons que cette pièce est rythmée assez particulièrement, il y a une notion d'égalité entre le temps dramatique et le temps scénique, mais aussi que le temps symbolique est très important et représente en quelque sorte le mouvement, ce qui nous donne un aperçu de trois temps : le passé, le présent et le futur.
[...] (Un temps.) Ça ne va pas ? Comme nous pouvons le voir dans la dernière citation, les dialogues sont laconiques, c'est-à-dire brefs et concis, les phrases ne contiennent peu de mots: cela amplifie le mouvement de lenteur, car chaque point annonce un arrêt plus ou moins long qui peut être amplifié par la didascalie Un temps. De plus, les personnages sont en perpétuelle attente: par exemple, la première parole de la pièce est de Hamm qui dit Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir. [...]
[...] - Il devrait être en train de se coucher pourtant. Cherche bien. [ ] Clov. - Il fait gris./ Noir clair, dans tout l'univers. Les descriptions de Clov montrent un extérieur presque désert, sans signe de vie, puisque même l'eau est immobile. Les personnages semblent être au point zéro une notion que l'on retrouve dans leurs dialogues: Ici, c'est la mort. Hamm. - Quelle heure est- il Clov. - Zéro Hamm. - Viens me coucher./ Clov. - Mais je viens de te lever Il n'y a absolument aucun repère pour le spectateur, nous pouvons même nous demander si les personnages eux-mêmes ont une réelle notion du temps. [...]
[...] D'une certaine manière, le présent suit est cours, les personnages ne cherchent pas à le faire passer plus vite, ils se contentent de répéter inlassablement les mêmes gestes, voire les mêmes paroles (avec la récurrence de ma question «Est-ce l'heure de mon calmant ? par exemple.) Aussi, nous pouvons constater une sorte de charnière entre le présent et le passé: Clov. - Je vois ma lumière qui meurt. Hamm. - Mais nous respirons ! Nous changeons ! Nous perdons nos cheveux, nos dents ! Notre fraîcheur ! [...]
[...] Trois générations sont représentées dans la pièce: en effet, Nagg et Nell son les parents de Hamm, qui lui-même est le père adoptif de Clov. De plus, comme nous avons pu le voir dans le paragraphe ci-dessus, les personnages qui représentent les trois générations ont tous un rapport différent au temps. En quelque sorte, ils symbolisent hier, maintenant et demain. Hier représente un passé plus ou moins lointain, nous n'avons pas de notion temporelle par rapport à cela, mais par la manière dont en parlent par exemple Nagg et Nell, il semble que certains souvenirs sont très lointains: par exemple Nagg évoque le fait qu'il ne savait pas qu'il allait engendrer une personne telle que Hamm, que ce n'est pas de sa faute Hamm. [...]
[...] / Hamm (inquiet.) - Quoi ? Une voile ? Une nageoire ? Une fumée ? / Clov (regardant toujours). - Le fanal est dans le canal. / Hamm (soulagé). - Pah ! Il l'était déjà. Les personnages semblent vouloir que tout reste ainsi et craignent le changement, l'immobilité est pour eux le moyen de se sentir en sécurité. Rien ne semble bouger ni vivre, l'extérieur ressemble à un désert humain, il y a l'océan, mais il semble être immobile aussi: Clov. - Les flots ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture