En 1664, après la représentation de Tartuffe devant Louis XIV, Molière voit, sa pièce interdite sous la pression des dévots, qui lui reprochent de railler la religion. En 1667, une nouvelle version de la pièce est de nouveau frappée d'interdiction par l'Église. Ce n'est que deux ans plus tard qu'il reçoit l'autorisation de la jouer, et connaît un succès triomphal.
Molière sait à la fois faire rire les spectateurs et susciter l'inquiétude devant l'habileté avec laquelle l'hypocrite se sert de la religion pour s'emparer de la fortune d'Orgon, épouser sa fille, et séduire sa femme. À l'acte III, l'imposteur déclare en effet sa passion à Elmire dans une tirade devenue célèbre.
Qu'est-ce que cette tirade révèle de Tartuffe ?
[...] Tartuffe se présente comme un homme vaincu par l'amour, en dépit de toutes ses résistances : Elmire est souveraine (v. il n'est devant elle qu'un esclave indigne» (v. qui s'en remet à ses «bontés» (v. 25). De plus, cet échange qu'établit le discours amoureux entre l'amant soumis et la beauté convoitée se poursuit tout au long du texte à travers le jeu des pronoms et des adjectifs possessifs : si vous condamnez que je vous fais» (v.11) ; de mon intérieur . vous fûtes» (v. 14) ; de vos regards . [...]
[...] La tirade de Tartuffe n'est pas simplement l'aveu que ferait de son amour un homme passionnément épris, elle se construit comme une véritable argumentation. Les premiers vers correspondent ainsi à l'énoncé de la thèse : si Tartuffe est tombé amoureux, c'est à cause des charmes extraordinaires d'Elmire auxquels nul ne peut résister. C'est elle qui est, au fond, responsable de sa passion. Tartuffe semble ainsi s'innocenter lui-même, et rappelle que ses résistances ont été vaincues : jeûnes, prières, larmes (v. tout a été inutile. [...]
[...] Deux lexiques se croisent constamment : celui de la beauté physique et de la déclaration d'amour, d'un côté, le langage de la religion, de l'autre. Les mots et les expressions, comme ange splendeur plus qu'humaine divins ineffable», âme dévotion autel etc. appartiennent au langage de la liturgie chrétienne et nous rappellent que Tartuffe joue, dans la maison d'Orgon, le rôle d'un dévot uniquement préoccupé de choses spirituelles. On pourrait dès lors hésiter : Tartuffe, cherche-t-il à séduire Elmire en lui témoignant la dévotion qu'il accordait jusque-là à Dieu ? [...]
[...] On le voit, Tartuffe maîtrise parfaitement le code du discours amoureux, jusque dans ses images poétiques Le dévot mène une déclaration d'amour en suivant les règles de la galanterie : après avoir célébré la beauté de la femme, il lui faut souligner l'intensité de l'amour qui l'habite. Derrière le dévot, il y a un cœur qui bat, affirme Tartuffe dès le premier vers de sa tirade. Dès lors, c'est bien d'une, déclaration d'amour qu'il s'agit, comme le soulignent les, termes aveu» (v. vous l'ont dit (v. 19) ou expliquer (v. [...]
[...] "Tartuffe", Molière (1669) - acte III, la déclaration d'amour de Tartuffe à Elmire En 1664, après la représentation de Tartuffe devant Louis XIV, Molière voit, sa pièce interdite Sous la pression des dévots, qui lui reprochent de railler la religion. En 1667, une nouvelle version de la pièce est de nouveau frappée d'interdiction par l'Église. Ce n'est que deux ans plus tard qu'il reçoit l'autorisation de la jouer, et connaît un succès triomphal. Molière sait à la fois faire rire les spectateurs et susciter l'inquiétude devant l'habileté avec laquelle l'hypocrite se sert de la religion pour s'emparer de la fortune d'Orgon, épouser sa fille, et séduire sa femme. [...]
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