L'extrait étudié se situe au tout début du texte. Contrairement à la coutume qui veut qu'au théâtre la première parole prononcée soit un monologue d'un personnage seul sur scène, la situation est ici très peu conforme à la réalité, tant par la longueur que par le contenu du discours. C'est un artifice pour présenter l'action, l'espace, le temps, le registre et les personnages (...)
[...] En cela, cette scène a joué son rôle, même si, par ailleurs, elle est déroutante pour un spectateur classique qui n'y retrouve aucun des codes habituellement admis. L'intérêt du spectateur pour ce type d'innovation peut être à la hauteur du rejet. C'est sans doute le risque que Jean Tardieu a accepté de courir pour faire évoluer les conventions théâtrales. [...]
[...] La scène d'exposition est ainsi très classique. Le monologue du personnage s'adresse plus particulièrement au public grâce à de multiples occurrences du pronom personnel de la deuxième personne du pluriel vous (lignes Ce procédé de la double énonciation est aussi un artifice théâtral qui permet au spectateur d'être tenu informé de la situation en cours qui ne correspond en rien à une situation réelle. Les questions rhétoriques font aussi partie du jeu (lignes et adressées aux spectateurs sans réponses attendues, ajoutant à l'invraisemblance de cette fausse situation de communication. [...]
[...] il en est de même avec le jeu de langage lié à la magie de la musique qui apparaît et disparaît. La construction en chiasme Quand je me tais ça recommence quand je commence, cela se tait (ligne 24) semble attribuer au détective seul ce pouvoir . enfin, l'accumulation finale accentue encore le comique par le choix des objets censés représenter la foule des invités. La chute sur les chignons (ligne après les hyperboles pierreries, bougies et satins, placées au même niveau, prête à sourire. [...]
[...] Motus Qu'il me suffise de vous indiquer que nous nous trouvons, par un beau soir de printemps (il montre la branche), dans un manoir2 du baron de Z Zède comme Zèbre, comme Zéphir (Il rit bêtement.) Mais chut ! cela pourrait vous mettre sur la voie. Comme vous pouvez l'entendre, le baron et sa charmante épouse donnent, ce soir, un bal somptueux. La fête bat son plein. Il y a foule au manoir On entend soudain la valse qui recommence, accompagnée de rires, de vivats, du bruit des verres entrechoqués. Puis tout s'arrête brusquement. Vous avez entendu ? C'est prodigieux ! Le bruit du bal s'arrête net quand je parle. Je me tais, il reprend. [...]
[...] Dès qu'il se tait, en effet, les bruits du bal recommencent, puis s'arrêtent Vous voyez ? . Une bouffée de bruits de bal. Vous entendez ? . Bruits de bal. Quand je me tais (Bruits de bal.) ça recommence quand je commence, cela se tait C'est merveilleux ! Mais, assez causé ! Je suis là pour accomplir une mission périlleuse. Quelqu'un sait qui je suis. Tous les autres ignorent mon identité. [...]
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