Un des extraits que nous allons étudier est un texte de Louis Sébastien Mercier intitulé Le tableau de Paris, œuvre publiée entre 1781 et 1788. L'auteur fit paraître les deux premiers volumes de manière anonyme en 1781. Cette œuvre est en fait une compilation d'articles qu'il écrit pour différents périodiques. Par la suite, il avouera en être l'auteur et la complétera. Elle atteint en 1788, 12 volumes. Cette œuvre mêle descriptions objectives et critiques acerbes des mœurs. Elle nous convie au spectacle d'une société disparue sous les effets conjugués de la tourmente révolutionnaire et de l'industrialisation. Par la précision de ses informations et la force de son engagement, Le tableau de Paris constitue à la fois un témoignage engagé, un travail d'historien et de sociologue.
Louis Sébastien Mercier y dévoile tout, même les maux les plus terribles, tels que les enfants abandonnés, comme il en est question dans notre extrait. C'est un phénomène massif dés le début du XVIIIe siècle, si bien que même des contes ont pour thème ce phénomène, comme le conte du Petit Poucet de Charles Perrault, écrit fin XVIIe, qui accompagne notre extrait.
Mercier nous fait ici un tableau des causes et des modalités de l'abandon d'enfant. Il fait également une description de l'Hôpital des Enfants Trouvés. Il nous fait une description détaillée de ce phénomène. En effet, il faut savoir que l'abandon est un fait social massif au XVIIIe. On assiste à une très forte augmentation du nombre des enfants abandonnés ainsi qu'à une énorme mortalité de ces enfants. Cela va préoccuper toute la société, d'où une multitude d'écrits sur ce sujet.
[...] Au siècle suivant, la situation s'aggrave encore. La progression des abandons est due à la misère des classes populaires, mais aussi au développement des naissances illégitimes lié à la liberté des mœurs qui caractérise le XVIIIe siècle. Le nombre d'enfants abandonnés à Paris progresse de façon spectaculaire et inquiétante. On y compte plus de abandons par an dans la période qui précède la Révolution. La pratique la plus courante consiste à "exposer" son enfant dans un lieu public, souvent sous un porche d'église. [...]
[...] l'hospice de la Pitié qui comprend un orphelinat. En ce qui concerne le fonctionnement de l'Hôpital des Enfants Trouvés, on compte trois maisons qui accueillent les enfants: La maison de la Couche est l'hospice qui reçoit les enfants exposés et abandonnés. Les femmes qui reçoivent les enfants dressent alors un procès-verbal (état physique et habillement de l'enfant). Les enfants en bas âge, non sevrés, sont gardés à la Maison de la Couche où ils sont allaités par des nourrices sédentaires en attendant d'être envoyés chez une nourrice attitrée à la campagne parce que le sort lui aura donné à la crèche une nourrice normande ou picarde Les enfants plus âgés se retrouvent soit à la maison du faubourg Saint Antoine, soit ils sont également envoyés à la campagne. [...]
[...] De plus à plusieurs moments dans le texte, l'auteur évoque la raison économique. En effet, beaucoup de familles connaissent la misère et préfèrent abandonner leur enfant plutôt que de le voir mourir de faim. Pour cela, on peut citer la ligne 4 : Ce cruel abandon que combat la nature annonce une foule de nécessiteux C'est donc l'indigence qui pousse les parents à abandonner. Cela est très bien illustré dans le conte du petit Poucet. Avec ce conte, on se rend compte que ce n'est pas de bon cœur que les parents se séparent de leurs enfants mais par nécessité : la famine fut si grande que ces pauvres gens résolurent de se défaire de leurs enfants La douleur des parents y est très marquée : Cependant, ayant considéré quelle douleur ce lui serait de les voir mourir de faim, elle y consentit, et alla se coucher en pleurant La tristesse de la mère est explicite, cela ne l'enchante pas du tout mais elle n'a pas d'autres solutions. [...]
[...] Ces hommes sont appelés des meneurs. Ceux-ci ne respectent pas les enfants, qui souvent périssent, faute de soins, durant le trajet il faudrait épargner à ces enfants ce transport pénible, qui en moissonne le tiers ; d'autres sont jetés à la porte de l'asile avec une négligence déplorable. Un enfant n'est, pour eux, qu'une marchandise dont ils n'ont pas même à répondre des dommages. Les tribunaux ont sévi contre ces abus criminels mais la crainte d'un jugement et de quelques mois de prison ne suffit pas à éloigner ces mercenaires d'un métier qui leur produit de beaux bénéfices. [...]
[...] En effet, un homme, un porteur, traverse à pied les provinces, cheminant vers Paris et portant sur son dos une hotte où s'ouvre une boîte matelassée, qui peut contenir trois nouveau-nés. Les enfants, debout dans la boîte, aspirent alors l'air par le haut. De temps en temps, l'homme s'arrête pour prendre ses repas et faire sucer un peu de lait aux enfants. Parfois, quand il ouvre le coffre, il en trouve un de mort. Sans s'inquiéter, il jette le cadavre et achève son voyage avec le reste du ballot. [...]
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