Commentaire composé du chapitre 56 "comment grandgousier traita humainement toucquedillon" extrait de Gargantua le roman de Rabelais.
[...] L'adverbe "totalement" souligne, une nouvelle fois encore, sa grande mansuétude et sa grande générosité. Mais, comme si cela n'était pas déjà suffisant, il tend également à lui rendre la liberté car, dit-il, "je veux qu'on vous rende vos armes et votre cheval". De ce fait, la liberté de Toucquedillon s'effectue sans dégradation, sans humiliation car Grandgousier lui rend ses "armes" et son " cheval", symboles du chevalier. On voit bien qu'en lui rendant son "cheval" et ses "armes", Grandgousier lui fournit un moyen de repartir mais aussi un moyen de faire à nouveau la guerre contre lui s'il n'a pas compris la leçon. [...]
[...] Bien plus encore, il va même jusqu' à s'accuser et à déclarer ses propres sujets comme en partie responsable en disant notamment que c'est " une faute commise par nos gens, je veux dire les vôtres et les nôtres". Dès lors, grâce à la conjonction de coordination il place syntaxiquement "vôtre et nôtre" sur le même plan afin de dire que les torts sont partagés et réciproques. En effet, la volonté de réconciliation et de pardon de Grandgousier se manifeste par un désir de responsabilité collective des deux royaumes. La paix et la réconciliation sont alors possibles et réalisables car ce ne sont pas tous les sujets qui sont cause de ce "différend" mais seulement des "personnages". [...]
[...] "L'habit fait ici le moine" car son gigantisme anatomique est le parfait reflet de sa grandeur intérieure. En effet, l'emploi des possessifs " miens", "vôtres", "nôtres" et les pronoms personnels "nous" et "vous" signifie qu'il est avant tout un prince partageant ce sentiment d'appartenant à une communauté plus vaste que son propre pays, la communauté de ceux qui parlent le latin et éventuellement le grec. Mais, lorsque Rabelais fait référence aux "sarrasins" et aux "Barbares" il n'y a ici rien d'anodin car n'oublions pas qu'en Grèce Antique était considéré comme "Barbares" les individus ne parlant ni le grec, ni le latin. [...]
[...] Cela signifie que Grandgousier veut faire "table rase" de cette peccadille envers son "ancien ami". Il est prêt à lui pardonner sa faute qu'il considère davantage comme un égarement que comme une véritable volonté de nuire; puisqu'en disant " Ainsi il fault fayr entre voisins et anciens amis", on démontre bien que Grandgousier conserve une grande amitié envers celui qui l'offense. Bien plus encore, il caractérise cette offense non pas comme une "guerre" mais comme un simple "différend". Cet euphémisme permet alors d'atténuer la réalité dans le but d'une future réconciliation car " ceste nostre difference n'est poinct guerre proprement". [...]
[...] Ainsi, on voit que par les adverbes "franchement" et "véritablement" ce dernier veut lui aussi faire preuve d'honnêteté et de probité en se déclarant "prisonnier" de Frère Jean. S'est alors opéré un véritable changement et une vraie antithèse entre le Tocquedillon de l'"incipit" de l'extrait, qui ne faisait que reprendre les intentions conquérantes de son monarque, avec le Toucquedillion de l'"excipit" qui, prenant un ton sincère, se réclame "franchement" et ""véritablement" prisonnier de Frère Jean des Entommeurs. En cela, la clémence de Grandgousier est telle qu'elle a débordé de son lit en emportant sur son passage Toucquedillon et Frère Jean. [...]
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