Commentaire composé sur le poème de Lamartine intitulé Le Lac.
[...] De l'autre, celui du malheur et de la mort avec "implorent", "rapides", "dévorent". B. L'élégie du poète. Le poème renforce le côté élégiaque par l'opposition explicite faîte par Elvire entre les "malheureux" et les "heureux" : cette opposition est dramatisée par la place respective des deux mots, en rime intérieure : le terme "malheureux" se trouve à la césure du vers 13 et le terme "heureux" à la rime du vers 15. Mais, alors que pour les premiers, la mort serait une délivrance ; pour les autres, elle est un arrêt insupportable du bonheur. [...]
[...] Mais au vers "tes flots harmonieux" ne peut que renvoyer au lac. Il y a donc un relais du discours : c'est le lac lui-même qui est pris comme destinataire et Elvire n'apparaît qu'au vers avec "des accents inconnus à la terre". Elle est donc divinisée, et ce côté céleste est renforcé par "rivage charmé" (le charme, c'est l'art des magiciennes). Il est aussi renforcé par "le flot fut attentif", comme si tout s'arrêtait pour écouter Elvire. On voit donc que la nature permet la mise en valeur du personnage d'Elvire : le lac est témoin de l'amour et de la promenade du poète et d'Elvire. [...]
[...] Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots : "Ô temps ! Suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! [...]
[...] Mais ce lyrisme va être mis au service de l'élégie. A. L'élégie tient d'abord à la prière d'Elvire : celle de vivre, puisque le bonheur qu'elle ressent lui en donne l'envie. Or, le caractère rétrospectif du poème montre l'échec de son voeu. C'est donc non seulement la mort d'Elvire qui est à déplorer, mais la fin de son bonheur, qui rend sa mort plus poignante encore. L'élégie est également soutenue par l'expression adverbiale "en vain", et le caractère minime de la prière formulée, puisqu'il ne s'agit que de "quelques moments" : quelle que soit la modestie de la demande, Elvire, qui se sait malade et condamnée, sait qu'elle n'obtiendra pas sa réalisation. [...]
[...] Les coupes du vers 30, toutes impaires, signalent le désespoir par le déséquilibre qu'elles provoquent. Conclusion : Harmonie qui cache la complexité thématique du poème. Renouvellement du thème antique du "carpe diem" : idée que toute vie est fugitive, ce qui rend l'homme profondément malheureux. Le "carpe diem" est ici dramatisé par le fait que le poème soit écrit après la mort d'Elvire. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture