La lettre entière est structurée de manière à développer, par des exemples qui ont valeur d'argument, l'idée initiale. Mais elle ne sert pas uniquement à cette démonstration. Voltaire trouve là l'occasion de critiquer la noblesse en stigmatisant le dégoût des aristocrates français pour le commerce, considéré comme avilissant. La critique sociale qui transparaît dans ce texte polémique se fait à partir de l'éloge des Anglais (...)
[...] - l'emploi d'exemples à valeur argumentative : Voltaire utilise des dates, des noms de personnages et le type narratif. L'emploi de l'imparfait et du passé simple ainsi que tout un jeu de rapprochements et de disproportions, une certaine dramatisation, des images frappantes, des références facilement accessibles parce que contemporaines et un point de vue élogieux donnent de la force à ces exemples. De plus, il utilise un effet de démultiplication dans l'exemple des lignes 7 à 11 : pour envoyer en 1723, trois flottes à la fois en trois extrémités du monde, l'une devant Gibraltar conquise et conservée par les armes, l'autre à Porto-Bello pour ôter au roi d'Espagne la jouissance des trésors des Indes, et la troisième dans la Baltique pour empêcher les puissances du nord de se battre - l'emploi d'hyperboles et l'insistance sur la démesure : C'est le cas notamment dans le deuxième paragraphe où les hyperboles soulignent la rapidité de l'arrivée de l'argent (une demi-heure), la somme d'argent (cinq millions) et la réussite militaire (délivra Turin, battit les Français D'une manière générale, le commerce et l'argent sont présentés comme la source essentielle et indispensable à la réussite militaire, au sentiment de fierté nationale et au bonheur. [...]
[...] Mais, au-delà de cette signification première, ce texte donne une illustration de la manière de procéder de son auteur dans les Lettres philosophiques. Sous une forme qui prend des aspects très variés, comme l'exposé historique, anecdotique, l'argumentation et la narration, Voltaire expose ici un véritable éloge du commerce, qui est à ses yeux un moteur économique mais aussi, et surtout, un facteur de puissance politique, de liberté et de bonheur. L'énumération de ces valeurs souligne des choix caractéristiques de la pensée philosophique du 18ème siècle. [...]
[...] Cet état d'esprit attire l'attention et veut dénoncer les attitudes et les valeurs d'une aristocratie jugée trop timorée sur le plan de l'activité économique. L'auteur renouvelle ici ses griefs personnels et idéologiques à l'égard de la noblesse dont il déplore qu'elle ne s'implique pas davantage dans le développement et la prospérité de l'État. [...]
[...] En 1728, alors qu'il travaille pour la cour, il tourne en ridicule le chevalier de Rohan, ce qui lui vaut une bastonnade. Il pense laver son honneur par un duel, mais on l'embastille quelques jours avant de lui permettre de partir pour l'Angleterre. C'est cet exil en Angleterre qui nous vaudra l'écriture des Lettres philosophiques. Il commença par rédiger, en Anglais, Letters concerning the English Nation qu'il publia en 1733. Les Lettres philosophiques, publiées en 1734, sont le résultat du remaniement de la traduction de ces lettres sous le nom de Lettres anglaises. [...]
[...] Quand Louis XIV faisait trembler l'Italie, et que ses armées, déjà maîtresses de la Savoie et du Piémont, étaient prêtes de prendre Turin, il fallut que le prince Eugène marchât du fond de l'Allemagne au secours du duc de Savoie ; il n'avait 15 point d'argent sans quoi on ne prend ni ne défend les villes. Il eut recours à des marchands anglais : en une demi-heure de temps on lui prêta cinq millions ; avec cela il délivra Turin, battit les Français et écrivit à ceux qui avaient prêté cette somme ce petit billet : Messieurs, j'ai reçu votre argent, et je me flatte de l'avoir bien employé à votre satisfaction. [...]
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