Supplément au voyage de Bougainville - Denis Diderot (1796) ; L'été grec - Jacques Lacarrière (1975) ; Essai sur l'exotisme - Victor Segalen (1978) - La question de l'Homme dans les genres de l'argumentation du XVIe siècle à nos jours

Thèmes abordés

Lévi-Strauss, Denis Diderot, Jacques Lacarrière, Victor Segalen, exotisme, argumentation, voyage, ethnocentrisme, altérité, récit initiatique

Résumé du document

Dévalorisant le touriste en quête de divertissement au profit du voyage initiatique et informatif, Lévi-Strauss nous invite à réfléchir aux diverses fonctions que le voyage peut remplir. Ouverture au monde et à l'altérité, on prête au voyage le pouvoir de transformer l'individu qui l'effectue. Un voyage peut bien sûr avoir lieu physiquement, l'individu partant réellement en excursion. Mais n'oublions pas non plus qu'il peut se faire par le biais de l'imaginaire lors de la lecture d'un récit de voyage ou d'un roman d'aventures.
Nous pourrons donc nous demander : dans quelle mesure peut-il avoir un effet d'ouverture au monde et à l'altérité ? De quelle manière le voyage change-t-il l'individu en profondeur ? Le voyage est-il le même lorsque celui-ci est virtuel plutôt que réel ?

Extraits

[...] Pourtant, en reprenant les mots de l'écrivain André Suarès, il nous paraît utile de rappeler que « REF12 » (Voyage du Condottière, 1910-1932). Selon nous, il ne faut donc ni négliger les apports potentiels du voyage d'agrément en termes de connaissances et d'ouverture à l'autre ni le considérer comme un « sous-voyage » par rapport au voyage scientifique et documentaire. Élargir ses horizons, voir d'autres cultures et paysages que les siens, ne peut qu'enrichir le voyageur, même s'il s'agit d'un « simple touriste » Voyageur dévalorisé, le sens de ses voyages, leurs fonctions et leurs enjeux symboliques le sont aussi. [...]

[...] C'est le cas, par exemple, avec Utopia, ce « lieu qui n'est nulle part » de Thomas More, et qui invite à réfléchir sur une organisation plus égalitaire de la société Marcher dans les pas de l'auteur : le récit initiatique En 1986, Paulo Coelho entreprend le célèbre pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. « REF16 » De ce voyage initiatique, dont il relate les étapes dans Le pèlerin de Compostelle, l'homme sort métamorphosé : convaincu que « REF17 », l'écrivain cherche désormais à restituer dans un style simple la richesse de notre réalité intérieure, dans le souci de partager son expérience avec tous. [...]

[...] Il rejoint alors l'affirmation de Lévi-Strauss dans l'incipit de Tristes Tropiques (1955), ouvrage dans lequel l'ethnographe rassemble souvenirs de voyages et réflexions : « REF9». Dévalorisant le touriste en quête de divertissement au profit du voyage initiatique et informatif, Lévi-Strauss nous invite à réfléchir aux diverses fonctions que le voyage peut remplir. Ouverture au monde et à l'altérité, on prête au voyage le pouvoir de transformer l'individu qui l'effectue. Un voyage peut bien sûr avoir lieu physiquement, l'individu partant réellement en excursion. [...]

[...] Et ceux-là les parcourent tout d'abord avec leurs rêves et leurs raisons Le voyage de recherche : accéder au savoir Cependant, il est vrai que le voyage instructif par excellence reste celui que l'on fait dans l'intention de recueillir des connaissances. Et c'est pourquoi Lévi-Strauss, en sa qualité d'ethnologue, y voit un moyen d'approfondir les connaissances dans le domaine des sciences humaines. En effet, le voyage peut procurer le moyen à l'individu d'effectuer des recherches sur un sujet particulier. C'est ainsi, par exemple, que la campagne d'Égypte menée par le général Bonaparte de 1798 à 1801, se double d'une expédition scientifique. [...]

[...] Il y présente l'attitude qu'un voyageur se doit d'adopter lorsqu'il entre en relation avec une nouvelle culture. Il recommande ainsi de s'immerger dans la culture d'accueil, ce qui implique de mettre humblement de côté ses propres habitudes culturelles. Quant à Victor Segalen, il renouvelle la notion de l'exotisme en rejetant la conception prétentieuse de ses contemporains en soif d'ailleurs, pour la définir en tant que « notion du Différent », « perception du Divers » : « REF14 », écrit-il, précisant qu'il ne s'agit pas nécessairement de comprendre l'autre mais de percevoir et reconnaître cette altérité. [...]