Commentaire composé semi-rédigé du chapitre 19 tiré du premier tome de l'oeuvre de Stendhal Le Rouge et le Noir intitulé "Penser fait souffrir : Le dilemme".
[...] Ce qui se joue est la peur de Mme de Rênal de préférer Julien à son fils (comparaison qu'elle met elle-même en scène par son sacrifice), ce qu'elle finit par reconnaître à la ligne 29. Le dilemme est repris par Julien dans la dernière réplique : si je te quitte/si je reste, avec le terme "aveuglement", référence tragique (incapacité à dominer son destin). Dans un second temps . B . surenchère de la pénitence. Elle veut que la faute devienne publique ("pénitence publique", "fange", "humiliation" deux fois, série de superlatifs aux lignes 18 et 20). II) Mais, remise en cause involontaire du dilemme A. [...]
[...] Alors ce ne serait pas un horrible péché de t'aimer mieux que ton fils. - Veux-tu me permettre de rester, et que désormais je ne t'aime que comme un frère? C'est la seule expiation raisonnable, elle peut apaiser la colère du Très-Haut. - Et moi, s'écria-t-elle en se levant et prenant la tête de Julien entre ses deux mains, et la tenant devant ses yeux à distance, et moi, t'aimerai-je comme un frère? Est-il en mon pouvoir de t'aimer comme un frère? [...]
[...] Songe que c'est avec ignominie qu'il te chassera de sa maison; tout Verrières, tout Besançon parleront de ce scandale. On te donnera tous les torts; jamais tu ne te relèveras de cette honte . - C'est ce que je demande, s'écria-t-elle, en se levant debout. Je souffrirai, tant mieux. - Mais, par ce scandale abominable, tu feras aussi son malheur à lui! - Mais je m'humilie moi-même, je me jette dans la fange; et, par là peut-être, je sauve mon fils. [...]
[...] III) Toutefois, stratégie argumentative de Julien A. Mettre en scène la douleur. Le point de départ est d'accepter d'entrer dans le jeu de sacrifice religieux de Mme de Rênal, participer aussi à la douleur et à la culpabilité (ligne 21 plus série d'hyperboles : aller à la Trappe ou mourir à la place de Stanislas), mais aussi accepter le sort qui lui est fait : "je partirai" renforcé par "oui". Mais alors que Julien semble empli de doute religieux ("ton Dieu", ligne des tournures comme "mon cher ange" ou l'attitude de Julien à la fin ("j'obéirai" deux fois plus "en tombant à ses pieds") mettent Mme de Rênal dans une position divine, qui confirme la force de l'amour de Julien. [...]
[...] Si je reste, tu me crois la cause de la mort de ton fils, et tu meurs de douleur. Veux-tu essayer de l'effet de mon départ? Si tu veux, je vais me punir de notre faute en te quittant pour huit jours. J'irai les passer dans la retraite où tu voudras. A l'abbaye de Bray-le-Haut, par exemple: mais jure-moi pendant mon absence de ne rien avouer à ton mari. Songe que je ne pourrai plus revenir si tu parles. Elle promit, il partit, mais fut rappelé au bout de deux jours. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture